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Patrice Létourneau est enseignant en philosophie au Cégep de Trois-Rivières depuis 2005. Outre son enseignement, il a aussi été en charge de la coordination du Département de Philosophie pendant 8 ans, de juin 2009 à juin 2017. Il est par ailleurs l'auteur d'un essai sur la création, le sens et l'interprétation (Éditions Nota bene, 2005) ainsi que d'autres publications avec des éditeurs reconnus. Il collabore à PhiloTR depuis 2005.

Ce colloque sur La Cité et les arts, organisé par des membres du Département de philosophie du Cégep de Trois-Rivières, se veut un lieu de rencontre unique entre divers milieux qui peuvent tirer diversement profit de leur rencontre, mais qui, dû à leurs obligations respectives, ont rarement l’occasion de se côtoyer. Ainsi, la présente édition de ce colloque réunit professeurs, artistes, artisans créateurs, philosophes, critiques, écrivains, spécialistes, étudiants de divers niveaux (collégial, universitaire, métiers d’art) et citoyens intéressés à réfléchir et à échanger.

[Note : nous remercions vivement les étudiants du programme Histoire et civilisation, très impliqués dans la tenue du colloque en agissant à titre de bénévoles.]

 

Sommaire

François-André gagnon : Concert Chopin

Exposition et performance artistique
Josette Trépanier, la valeur et la mise en valeur des arts
Catherine-Eve Gadoury, la valeur et la mise en valeur des arts
Véronique Leduc, la valeur et la mise en valeur des arts
André-Louis Paré, Fin de l’humanisme et désir d’humanité
Gérald Gaudet, L’artiste, l’observation et l’expérience du monde
Martin Lepage, Le son, bien entendu
Serge Cantin et l’éclipse du monde
Laurent Giroux et les conditions de la démarche créatrice
Christine Bauer à propos de la création de la relation art/politique
Guy Haarcher à Trois-Rivières
La Cité et les arts… au Cégep de Trois-Rivières

 


Concert Chopin par François-André Gagnon, pianiste et professeur de musique au Cégep de Trois-Rivières

Le colloque se joindra à la ferveur internationale en soulignant le bicentenaire de la naissance du compositeur polonais Frédéric Chopin (1810-1849). Pour l’occasion, le professeur et pianiste du cégep de Trois-Rivières, monsieur François-André Gagnon interprétera :
–    Valse en la bémol majeur, opus 42 (1840)

–    Nocturne en ré bémol majeur, opus 27 #2 (1835)

–    Polonaise en fa dièse mineur, opus 44 (1841)

Natif de La Sarre, en Abitibi-Témiscamingue, François-André Gagnon a obtenu un baccalauréat et une maîtrise en interprétation du piano classique à l’Université de Montréal. Au cours de ses études universitaires, il a eu pour professeurs Gilles Manny et Marc Durand. Toujours sous la direction de M. Durand, il termine actuellement un doctorat en piano classique. Interprète chevronné, il s’est fait entendre lors de nombreux récitals solos et concerts de musique de chambre. Au nombre de ses réalisations on compte également l’enregistrement de publicités télévisées. Pianiste-accompagnateur des Voix de la montagne depuis la formation de ce chœur en 2002 jusqu’en 2009, il a aussi accompagné d’autres ensembles vocaux, comme Vocalys et le chœur de l’Université de Montréal. Depuis 2009, il effectue un retour aux sources à titre de professeur au département de musique du Cégep de Trois-Rivières, où il a mené ses études collégiales.

 


 

Exposition et performance artistique

 

«Puis un jour, dans les couleurs,
je me suis senti chez moi.»
– Peter Handke, La leçon de la Sainte-Victoire

Performance artistique : la création en direct !


Notre colloque fait un pas de plus dans la réalisation de l’un de ses plus importants objectifs : associer la réflexion sur l’art et la Cité à la réalité concrète de l’art. Le comité organisateur est ainsi heureux d’annoncer que nos invités auront la chance d’assister, le jeudi 3 juin, à une performance de peinture sur panneaux par huit étudiantes en art du Cégep de Trois-Rivières, sous la supervision de Mylène Gervais, artiste et professeure d’art à la fois au Cégep de Trois-Rivières et à l’UQTR. Cette activité de création en direct offrira une perspective unique sur l’art en train de se faire.

Accompagneront Mylène Gervais :
Aude Max-Gessler, Camille B. Bertrand, Raphaëlle B. Bertrand, Aurélie Lacroix, Camille Rajotte, Sophie-Ann Belisle, Lydia O’Connor Messier et Isabel Boucher. C’est un rendez-vous à ne pas manquer !

Exposition


Dans le même esprit, le colloque offrira aussi aux artistes (étudiants et professionnels) un espace leur permettant de faire valoir leur création et d’entrer en dialogue avec le public. Ainsi, les 2, 3, 4 juin dans le Hall des Humanités, tout près du lieu des conférences, il y aura une exposition regroupant des œuvres de :
Sophie-Ann Belisle (Arts plastiques, Cégep de Trois-Rivières)
Camille B. Bertrand (Arts plastiques, Cégep de Trois-Rivières)
Raphaëlle B. Bertrand (Arts plastiques, Cégep de Trois-Rivières)
Isabel Boucher (Arts plastiques, Cégep de Trois-Rivières)
Aurélie Lacroix (Arts plastiques, Cégep de Trois-Rivières)
Aude Max-Gessler (Arts plastiques, Cégep de Trois-Rivières)
Lydia O’Connor Messier (Arts plastiques, Cégep de Trois-Rivières)
Camille Rajotte (Arts plastiques, Cégep de Trois-Rivières)
Marie Walsh (École des Arts visuels, Université Laval)
Emmanuel Brasseur (Artiste peintre de Montréal)
Marlène Harvey (Artiste peintre de Trois-Rivières)
Denise Lafrenière (Artiste peintre de Trois-Rivières)
Ève Tellier-Bédard (Artiste peintre de Trois-Rivières)
Céline Veillette (Artiste peintre de Trois-Rivières)

Note :
Outre les participants au colloque, le grand public est convié à visiter librement et gratuitement cette exposition, dans le Hall du Pavillon des Humanités du Cégep de Trois-Rivières, aux heures d’ouverture suivantes :

– Mercredi 2 juin de 13h à 20h

– Jeudi 3 juin de 9h à 20h

– Vendredi 4 juin de 9h à 16h

 


 

Josette Trépanier, la valeur et la mise en valeur des arts

À l’occasion de la table ronde sur la valeur et la mise en valeur de l’œuvre d’art, Josette Trépanier se joindra à Catherine-Eve Gadoury et Véronique Leduc.

Josette Trépanier incarne, s’il en est, un esprit à la curiosité universelle à la fois dans la pratique et la pensée sur les arts. Titulaire d’un doctorat en études et pratiques des arts de l’UQAM, elle est professeure au département des arts de l’UQTR, dont elle est la directrice depuis mai 2010. Outre l’enseignement et ses nombreuses publications, ce désir de penser les arts se remarque dans ses diverses implications, dont sa présidence du volet francophone de la Société canadienne d’esthétique et ses nombreuses conférences, notamment sur «L’art, une valeur ajoutée» (Université d’Ottawa), «L’objet Pop» (Musée des Beaux-Arts de Montréal) et «L’artiste contemporain : un curateur» (Budapest), parmi plusieurs autres.

Mais la pensée ne va pas sans la pratique. Artiste du secteur de l’estampe, Josette Trépanier a participé à plus de vingt expositions individuelles et à plus de cent-trente expositions collectives. Elle est aussi auteure d’une douzaine de livres d’artistes, en plus de réaliser diverses illustrations de livres et d’affiches. Ses œuvres se retrouvent par ailleurs dans plusieurs collections publiques, dont celle de la Galerie Nationale d’Ottawa, la Kunstlerhaus Bethanien de Berlin et le Musée national des Beaux-Arts du Québec. Notons enfin que notre panéliste exprime sa grande polyvalence en laissant aussi sa marque dans le domaine du théâtre et du cinéma. À ce sujet, comme pour les autres, la lecture de son C.V. se révèle fort intéressante.

La table ronde sur laquelle elle sera panéliste aura pour thème «Musique, cinéma, opéra, peinture, graffiti… La valeur de l’œuvre est-elle indéfectiblement liée à sa mise en valeur?». Outre Josette Trépanier, le panel sera composé de Véronique Leduc (maîtrise en philosophie esthétique et collaboratrice de la Société canadienne d’esthétique) et Catherine-Eve Gadoury (journaliste et chroniqueuse en arts et culture à Radio-Canada, à VOX TV et au magazine d’art contemporain Punctum). Cette table ronde sera animée par Patrice Létourneau, professeur de philosophie au Cégep de Trois-Rivières et auteur de «Le phénomène de l’expression artistique» (Éditions Nota bene, 2005).


 

Catherine-Eve Gadoury, la valeur et la mise en valeur des arts

C’est avec beaucoup d’enthousiasme que nous vous annonçons que la journaliste et chroniqueuse en arts et culture Catherine-Eve Gadoury (Radio-Canada, VOX TV (Québec), magazine d’art contemporain Punctum) se joindra à notre table ronde sur les paradoxes entourant la valeur et la mise en valeur de l’œuvre d’art.

Catherine-Eve Gadoury a une formation universitaire spécialisée en éducation artistique au primaire et au secondaire et a enseigné les arts plastiques et l’art dramatique, avant de se diriger vers une carrière dans les médias où elle accomplit un remarquable travail de «passeur» des arts au Québec. Elle a aussi été directrice de tournée pour «Cégep en spectacle», adjointe culturelle aux «Jeux de la francophonie» et coanimatrice, en novembre 2009, à la 19e édition du «Festival Vidéastres Recherché•es». À la télévision, on peut voir ses chroniques entre autres aux émissions «LeZarts» et «Tout le monde s’en fout» (TLMSF ; détails), où elle a notamment dressé un remarquable et remarqué portrait sur le Bauhaus et la ville de Québec.  On peut aussi l’entendre à la Première chaine de Radio-Canada à l’émission «Ça me dit de prendre le temps» et la lire dans le magazine d’art contemporain Punctum. Elle a par ailleurs organisé et participé à des tables rondes sur «la relation entre les médias et les artistes», à la fois avec des journalistes et avec des artistes. Étant très au fait des rythmes de l’art qui se fait et à l’écoute de l’effervescence de créativité qui foisonne en divers lieux de Québec, tels les dix satellites de Méduse, elle est une force vive incarnant une démarche exemplaire de relais médiatique de la vie des arts.

La table ronde sur laquelle elle sera panéliste aura pour thème «Musique, cinéma, opéra, peinture, graffiti… La valeur de l’œuvre est-elle indéfectiblement liée à sa mise en valeur?». Outre Catherine-Eve Gadoury, le panel sera composé de Véronique Leduc (maîtrise en philosophie esthétique et collaboratrice de la Société canadienne d’esthétique) et Josette Trépanier (artiste du secteur de l’estampe, commissaire d’expositions, membre de jurys et professeure au département des arts de l’UQTR). Cette table ronde sera animée par Patrice Létourneau, professeur de philosophie au Cégep de Trois-Rivières et auteur de «Le phénomène de l’expression artistique» (Éditions Nota bene, 2005).



[Crédits pour la photo : Luc Renaud, cinéaste et notamment coréalisateur de «Une tente sur mars»]


 

Véronique Leduc, la valeur et la mise en valeur des arts

À l’occasion de la table ronde sur la valeur et la mise en valeur de l’œuvre d’art, Véronique Leduc se joindra à Catherine-Eve Gadoury et Josette Trépanier.

Riche d’une double formation, Véronique Leduc a un baccalauréat en arts de l’UQTR et a participé à quelques expositions collectives, auquel s’ajoute une formation en philosophie avec spécialisation en esthétique, domaine dans lequel elle complète un mémoire de maîtrise sur le débat, en esthétique contemporaine, entre Rainer Rochlitz et Jean-Marie Schaeffer, en plus de collaborer avec la Société canadienne d’esthétique.

Les questions du jugement esthétique et du statut de l’artiste orientent ses recherches au sein de l’histoire de l’esthétique. À cet égard, le 29 mai, lors du Congrès 2010 de la Société canadienne d’esthétique ayant lieu à l’Université Concordia, Véronique Leduc présentera une communication ayant pour titre «Qu’est-ce que l’esthétique ? Analyse de quelques définitions».

La table ronde sur laquelle elle sera panéliste aura pour thème «Musique, cinéma, opéra, peinture, graffiti… La valeur de l’œuvre est-elle indéfectiblement liée à sa mise en valeur?».

Outre Véronique Leduc, le panel sera composé de Catherine-Eve Gadoury (journaliste et chroniqueuse en arts et culture à Radio-Canada, à VOX TV et au magazine d’art contemporain Punctum) et Josette Trépanier (artiste du secteur de l’estampe, commissaire d’expositions, membre de jurys et professeure au département des arts de l’UQTR). Cette table ronde sera animée par Patrice Létourneau, professeur de philosophie au Cégep de Trois-Rivières et auteur de «Le phénomène de l’expression artistique» (Éditions Nota bene, 2005).


 

André-Louis Paré, Fin de l’humanisme et désir d’humanité

Monsieur André-Louis Paré est professeur de philosophie au Cégep André-Laurendeau. Un coup d’œil à son parcours professionnel (que l’on peut consulter dans son intégralité) révèle le portrait d’un penseur pour qui la philosophie est profondément liée au monde des arts. Au monde des arts qui se pensent, comme le montre ses nombreuses publications (articles, opuscules comptes rendus, etc.) et ses multiples responsabilités dans la revue Espace. Mais aussi au monde des arts qui se font, comme le prouvent ses engagements dans des manifestations artistiques d’envergure. À titre d’exemples, il fut membre du jury du prix Graff en 2007 et commissaire avec Patrice Loubier de la 3e édition de Manif d’art (Thème : Cynismes ?) présentée par la Manifestation internationale d’art de Québec en mai et juin 2005. Une exposition regroupant plus de 45 artistes du Canada et de l’étranger. Et de nouveau commissaire, cette fois avec Jean-Michel Ross, de l’exposition Québec Gold rassemblant des œuvres de 17 artistes du Québec qui eut lieu à Reims (France) du 26 juin au 24 août 2008. Manifestation organisée dans le cadre « France-Québec, 4 siècles de fraternité ».

S’il est des témoins crédibles de l’union de la pensée, de l’art et de leur présence dans la cité, Monsieur André-Louis Paré est immanquablement l’un de ceux-là.

Voici le résumé de la conférence de monsieur Paré (par l’auteur lui-même)
 :

Fin de l’humanisme, désir d’humanité.

À la suite d’un siècle qui a vu naître des régimes totalitaires de droite et de gauche et qui a été témoin de crimes perpétrés contre l’humanité, on est tenté d’associer l’humanisme à une attitude morale de bienveillance envers le prochain. Déclarer, conséquemment, la fin de l’humanisme lorsqu’il s’agit de l’art peut, de prime abord, être perçu comme de la provocation. On aime, en effet, penser que l’art comme activité humaine puisse promouvoir à travers ses diverses expressions des valeurs humanistes. C’est d’ailleurs une des raisons qui conduiront certains philosophes et théoriciens de l’art à qualifier les mouvements d’avant-gardes d’anti-humanisme et à condamner, en tout ou en partie, l’art contemporain. Pour eux, le constat semble plus qu’évident : l’art au XXe siècle, avec son apologie de la violence, sa mise en forme de l’informe, et son subjectivisme exacerbé, a abandonné ses responsabilités. Mais pourquoi l’art devrait-il favoriser l’humanisme ? L’humanisme en art n’appartient-il pas plutôt à ce que l’on appelle encore aujourd’hui le système des Beaux-Arts ? Si c’est le cas, l’humanisme est moins une éthique ayant pour thème le visage d’autrui, qu’une métaphysique à laquelle se joint une politique. Pour le montrer, il importe d’analyser la question de l’humanisme en art dans une double perspective et distinguer l’esthétique de la réception de l’esthétique de la création. En effet, s’il y a depuis la modernité esthétique une prétention à l’humanisme elle s’est surtout imposée au niveau de la réception des œuvres, alors que du point de vue de la création, cette visée humaniste a toujours été habitée par de l’inhumain. C’est en référant à la filmographie de Bruno Dumont, réalisateur, entre autres, des films La vie de Jésus (1997), L’humanité (1999) et Flandres (2006) que nous aborderons ces questions.


 

Gérald Gaudet, L’artiste, l’observation et l’expérience du monde

Monsieur Gérald Gaudet est l’une des figures dominantes de la culture, au sens le plus noble de ce mot, au Cégep de Trois-Rivières. Mais la réputation de ce professeur, qui est aussi poète, essayiste, critique littéraire, conférencier et intervieweur littéraire, a depuis longtemps dépassé les frontières de son collège. Ce travailleur aussi doué qu’infatigable aura fréquenté de nombreuses et souvent prestigieuses tribunes. À titre d’exemple, il fut directeur de la revue de poésie Estuaire (1985 à 1993), collaborateur au Magazine littéraire, à Lettres québécoises  et au Devoir, producteur pour la radio MF de Trois-Rivières d’une série d’entretiens intitulée Présence de l’écrivain et ainsi de suite d’une liste encore longue et riche. Au service de son art, il dirigea de nombreuses années la Société des Écrivains de la Mauricie et est présentement président de l’Association des professionnels de l’enseignement du français au collégial (APEFC). De son œuvre, mentionnons Voix d’écrivains (1985), Lignes de nuit (1986) et Fictions de l’âme (1995), laquelle lui a permis d’être finaliste au Prix du Gouverneur général du Canada et qui fut couronnée du Grand Prix de littérature de la Ville de Trois-Rivières.

Monsieur Gérald Gaudet est sans contredit une éloquente incarnation de l’artiste engagé. Il est de ceux dont les mots et les actes constituent autant de jalons fertiles sur les routes de l’esprit, du cœur et de la cité.

On peut consulter là une présentation plus détaillée du parcours professionnel de Monsieur Gaudet ainsi qu’une bibliographie.

Voici les mots de Gérald Gaudet au sujet de sa conférence :
L’artiste, ce flâneur dans la ville, cet «observateur passionné», et son expérience du monde
«Être hors de chez soi, et pourtant se sentir partout chez soi; voir le monde, être au centre du monde et rester caché au monde», tels sont, dans les mots de Baudelaire, les plaisirs non négligeables qui s’offrent à l’artiste flâneur, cet «observateur passionné» qui, en se mêlant à la foule, ce «kaléidoscope doué de conscience», trouve non seulement une façon de vivre la modernité, mais également une façon d’en capter des images susceptibles de lui donner à comprendre les mondes qui l’habitent et qu’il habite.
Alors quelle est cette modernité qui ne cesse de s’écrire et de se récrire dans la fiction? Quel est ce «peintre de la vie moderne» dessiné par Baudelaire? Quel visage prend-il au Québec de Saint-Denys Garneau à Monique Proulx et à Sergio Kokis notamment? Comment les peintres narrateurs que ces écrivains mettent en scène, en dialoguant avec l’histoire de la peinture, nous permettent-ils, en étant jetés dans le monde, de retracer l’aventure du regard en Occident et de décrire l’expérience même de vivre aujourd’hui.


 

Martin Lepage, Le son… bien entendu

Oscar Wilde disait de la musique qu’elle mettait l’âme en harmonie avec tout ce qui existe… N’est-ce pas là en effet l’impression qui nous habite lorsque nous écoutons l’œuvre d’un compositeur de génie? Une sonate de Beethoven saura apaiser l’esprit le plus inquiet, une fugue de Bach mettre le cœur en émoi, un concerto de Mozart nous éveiller au mystère de la joie! Capable d’infinies nuances, le langage qu’utilisent les compositeurs pour s’adresser à nous parle avec force ou douceur, précipitation ou lenteur, en utilisant les voix d’instruments multiples et divers. Un langage musical qui peut sembler d’autant familier qu’il sait nous atteindre au plus intime; mais qu’en est-il de sa source première, le son? «Quelle est la différence entre le bruit et le son? Comment nos oreilles perçoivent-elles les sons? Qu’est-ce que le vide? Qu’est-ce qui distingue deux notes de musique? Comment distinguons-nous une même note produite par deux instruments différents? Comment le son se propage-t-il?» Loin de s’opposer à la culture, les sciences peuvent ouvrir l’intelligence à des modèles de compréhension inédits et se faire complices de l’expérience esthétique. Jeudi le 3 juin, nous compléterons ainsi la journée en beauté en nous rendant au Collège Laflèche pour assister à une captivante conférence-démonstration orchestrée par Martin Lepage. Lors de cette conférence, à l’aide de montages spécialisés et uniques, M. Lepage nous fera explorer des phénomènes tels que «l’effet Doppler, la dissonance, la résonance, les ondes stationnaires, la physiologie de l’audition».

Martin Lepage, fut professeur puis coordonnateur au Département et programme des sciences de la nature du Collège Laflèche pendant plus de 10 ans. Depuis 2007, il est en charge, dans cette même institution, du Centre de démonstration en sciences (CDES) pour les régions Mauricie et Centre-du-Québec. Excellent communicateur, M. Lepage saura vous transmettre ses connaissances et son enthousiasme!


 

Serge Cantin et l’éclipse du monde

Le comité organisateur du colloque est fier d’annoncer la participation, à titre de conférencier, de monsieur Serge Cantin. La présence de cet éminent intellectuel de chez nous ne fait que confirmer le niveau très relevé des conférenciers que les auditeurs auront le plaisir de découvrir en nos murs en juin prochain.

Serge Cantin est un essayiste, un chercheur et un enseignant engagé. Après des études en sociologie à l’Université de Montréal il réoriente sa formation et termine, en 1988, un doctorat en philosophie à l’Université Paul-Valéry de Montpellier. Sa thèse de doctorat donna lieu à la publication d’un premier ouvrage, Le philosophe et le déni du politique. Marx, Henry, Platon, ouvrage préfacé par Fernand Dumont et qui valut à son auteur le prestigieux prix Raymond-Klibansky. Serge Cantin est professeur titulaire au Département de philosophie de l’Université du Québec à Trois-Rivières et chercheur au Centre interuniversitaire d’études québécoises. Spécialiste de la pensée et de l’œuvre de Fernand Dumont, il a rédigé l’introduction générale aux œuvres complètes de Fernand Dumont (Presses de l’Université Laval, février 2008). Monsieur Cantin est aussi l’auteur de plusieurs livres et d’un grand nombre d’articles parus dans des ouvrages collectifs et des revues universitaires ou culturelles. Il a prononcé plusieurs conférences au Québec et à l’étranger. Enfin, il est membre titulaire de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois.

Voici la présentation de la conférence de Monsieur Cantin :
ART, CULTURE ET POLITIQUE.
QUELQUES RÉFLEXIONS SUR L’ÉCLIPSE DU MONDE
Nonobstant tout ce qui peut par ailleurs les distinguer, voire les opposer, l’art, la culture et la politique ont-ils quelque chose en commun? La réponse est oui, mon propos étant précisément de montrer que ce « quelque chose » s’appelle le monde, c’est-à-dire une réalité qui, aussi invisible soit-elle, n’en constitue pas moins la condition de possibilité aussi bien des objets culturels que des paroles et des actions politiques. Mais qu’advient-il des uns comme des autres lorsque le monde disparaît, englouti dans ce que Hannah Arendt caractérisait comme « le processus dévorant de la vie »? S’il est vrai que l’art, la culture et la politique sont, et plus que jamais, en crise, cette crise générale ne gagnerait-elle pas à être interprétée à la lumière de la perte du monde (ou du cosmos) d’où a surgi comme un ressort, au XVIe siècle, la modernité en tant que projet de conquête d’un nouveau monde? Dans quelle mesure ce nouveau monde, qui se réalise sous nos yeux, est-il encore un monde humainement habitable? Quel est le nouvel homme de ce nouveau monde? (Serge Cantin)

Les personnes désirant connaître un peu mieux Monsieur Cantin pourront consulter son C.V.


 

Laurent Giroux et les conditions de la démarche créatrice

C’est avec beaucoup de plaisir que nous accueillerons Laurent Giroux lors du colloque sur «La cité et les arts» en juin prochain. Helléniste, détenteur d’un Ph.D. de l’Université de Heidelberg en Allemagne, Laurent Giroux a œuvré en philosophie à l’Université de Sherbrooke, en plus de donner des séminaires sur Heidegger à Lausanne, en Suisse. Il serait difficile de rendre compte en si peu de lignes de toutes ses contributions, mais mentionnons qu’il a beaucoup travaillé sur la philosophie grecque et les résonances actuelles de la question de «la vie bonne», ainsi que sur la philosophie allemande contemporaine, en plus de contributions sur l’origine de la «poïétique» chez Aristote et Heidegger, ou encore des communications sur des poètes tels Hölderlin et Gaston Miron (à l’invitation de la présidente du Colloque Gaston Miron, qui donna lieu à un ouvrage aux Éditions de l’Hexagone).

À l’occasion de notre colloque, Laurent Giroux présentera ses réflexions sur la question de la «poïétique», c’est-à-dire l’œuvre en train de se faire et en train de (re)faire l’artiste. À ce sujet, voici un court extrait de l’aperçu dont il nous a fait part :

«La poïétique est un domaine de recherche relativement récent, fondé par M. René Passeron il y a quelque quarante ans, et qui a son centre au CNRS à Paris. M. Passeron définit la poïétique comme “la promotion philosophique des sciences de l’art qui se fait”. Contrairement à la “poétique”, la poïétique se penche sur la démarche créatrice, sur la mise en œuvre plutôt que sur l’œuvre elle-même, ce que la poète Cécile Cloutier a nommé la “faisance de l’œuvre d’art”.

La jeune science poïétique se penche sur tout ce qui précède, prépare, produit l’œuvre d’art, depuis l’idée première inspiratrice à travers l’idée en voie d’expression et de réalisation jusqu’à celle qui est déposée dans le matériau pictural, sonore ou verbal. […]»

 


 

Christine Bauer à propos de la fabrication de la relation art/politique

L’art, même lorsqu’il est à visée apolitique, peut difficilement s’abstraire des contingences du politique, ne serait-ce que pour prendre vie dans la cité. Pour sa part, le politique peut être tenté de récupérer l’art, non pas simplement pour tenter de lui dicter une voie, mais plus finement, pour tenter de jouer avec ses effets.
En Amérique du Nord, on n’a qu’à penser à la destinée pour le moins controversée des théories et conseils prodigués par Richard Florida (Université de Toronto) avec son «indice bohémien» censé mesurer la créativité des villes ; cité par Bernard Landry dans ses discours et notamment invité à fort prix par Culture Montréal (lire entre autres cet article récent de Rima Elkouri (2010), ainsi que cet article d’Antoine Robitaille (2004)). Par ailleurs, au-delà des espoirs d’une stimulation économique des cités par l’art, l’art peut aussi être récupéré à des fins de «gestion sociale» ou de «gestion urbaine». Pensons par exemple au cas des villes qui «offrent» de l’espace à des artistes, dans l’espoir de modifier la dynamique d’un quartier défavorisé et de servir à terme à la «gentrification» du milieu. Quelle vision de l’art est-ce que ça présuppose ? Est-ce que l’attitude derrière la mise en marche de tels projets ne dissimule pas une volonté utopique d’être le propriétaire des processus de disséminations de la culture ? N’y a-t-il pas là, implicitement, une vision de l’art considéré à la manière d’un maître qui serait possesseur d’un savoir face à une masse à éduquer ? Ou une vision du politique où il ne s’agirait pas de débattre, mais de «communiquer» et «d’éduquer» ? Une manière d’infiltrer un territoire «à conquérir» ? Au fait, comment peut-on concevoir la manière par laquelle se tissent les fils de l’univers urbain, du politique, des experts en divers genres, des techniciens de toutes sortes et des praticiens des arts ? C’est dans l’horizon de ce genre de questions que l’une de nos conférencières nous livrera ses réflexions.

Maître de conférence à l’Université d’Évry (en France) et spécialiste de la communication, Madame Bauer a notamment publié un livre (voir l’intro) sur la construction de la notoriété du designer français Philippe Starck. Lors du colloque «Une cité pour l’Homme – La cité et les arts» (juin 2010), elle creusera la question de l’art et du politique à partir de l’exemple d’un cas concret, celui du «104» où la mairie de Paris a misé sur la mise en place d’un centre contemporain de création artistique (toutes disciplines confondues) pour tenter de reconfigurer l’un de ses quartiers dit-on parmi les plus défavorisés (le 19e arrondissement). Cas qui servira à remonter au type de questions évoquées, sur les fils entre la cité, le politique et la création artistique.


 

Guy Haarscher à Trois-Rivières

C’est avec beaucoup de fierté que nous accueillerons cette année M. Guy Haarscher, qui a généreusement accepté d’ouvrir les activités du colloque Une Cité pour l’homme, édition 2010, en nous présentant une conférence intitulée La censure et les arts.
Penseur de renommée internationale, Guy Haarscher est professeur à la Faculté de Philosophie et Lettres et à la Faculté de Droit de l’Université libre de Bruxelles. Récipiendaire du Prix des Droits de l’Homme de la Communauté française de Belgique, en 1989, pour son ouvrage Philosophie des droits de l’homme, et du Prix Duculot de l’Académie Royale de Belgique, pour son essai L’ontologie de Marx, en 1982, M. Haarscher est un auteur prolifique à qui nous devons notamment une excellente étude sur La laïcité parue dans la collection Que Sais-je? en 1996… Il a donné des conférences un peu partout à travers le monde de Kyoto à Budapest en passant par Genève, Tel Haviv, Berlin, Paris, Prague, Venise, New-York, Madrid, etc. en plus d’être accueilli comme professeur invité dans certaines universités parmi les plus prestigieuses. À n’en pas douter, si les idées de M. Haarscher voyagent autant, c’est qu’elles ouvrent des horizons et permettent de mieux comprendre les grands défis des démocraties modernes (terrorisme, laïcité, état de droit, etc.).

La feuille de route de M. Haarscher est impressionnante et la présentation que nous faisons de son parcours et de ses travaux ne peut, bien entendu, qu’être sommaire. Voilà pourquoi nous vous invitons à consulter ces pages :

http://www.philodroit.be/spip.php?page=auteur_publ&id_auteur=3
http://fr.wikipedia.org/wiki/Guy_Haarscher

lesquelles vous permettront d’apprécier à la fois la contribution remarquable de ce philosophe à l’histoire des idées mais également la valeur de son engagement à repenser les fondements de la société démocratique..


 

La cité et les arts… au Cégep de Trois-Rivières

Le Cégep de Trois-Rivières se prépare fébrilement, sous la généreuse impulsion de son département de philosophie,  à recevoir, les 2, 3 et 4 juin prochain un événement d’envergure : le sixième colloque Une cité pour l’homme qui aura pour thème  La cité et les arts.
Les colloques Une cité pour l’Homme entendent promouvoir, au sujet de la cité, la réflexion critique et le dialogue rationnel.  Cet objectif  nous paraît être une condition sine qua non au mieux-vivre en société, ce qui revient à dire au maintien et au développement d’une cité authentiquement humaine. Il s’agit d’un organisme à but non lucratif  qui est actif depuis 2004  et qui est sous la responsabilité conjointe des Cégeps de Trois-Rivières, de Sainte-Foy et du Collège Laflèche de Trois-Rivières.

En 2010, dans les locaux du Cégep de Trois-Rivières, le colloque tournera ses projecteurs vers les relations entre la cité et les arts. Monsieur Guy Haarscher, professeur de la Faculté de Philosophie et de Lettres et de la Faculté de Droit de l’Université libre de Bruxelles, prononcera la conférence inaugurale dont le sujet sera : la censure et les arts [1].  Outre les conférences, le colloque présentera des ateliers et des forums et couronnera des étudiants (niveau collégial) qui se seront démarqués par leur travail d’écriture et de présentation audiovisuelle sur le thème du colloque. Aussi, notre événement offrira aux artistes de la région un espace leur permettant de faire valoir leur création et d’entrer en dialogue avec le public.  Nous voulons ainsi créer un lien dynamique entre la réflexion (ateliers, conférences, forum) et la réalité concrète de l’art.  Nous croyons que cette formule, unique, devrait permettre à un large public de tirer diversement profit de cette association entre pensée et art.

La cité et les arts…
L’art, disait Malraux, c’est le plus court chemin de l’homme à l’homme… Mais ce chemin, que le génie jalonne, semble condamné à devoir traverser les terres du prince (politique et économie), obligeant ses marcheurs à se compromettre quand ce n’est pas à se soumettre.  Pourtant, cette route aux tracés multiples s’ouvre sur des horizons divers que l’ombre du prince ne semble pouvoir assombrir : qu’il s’agisse de peinture, de sculpture, de musique, de poésie, de théâtre, d’architecture, de danse, de cinéma, de photographie ou même d’art numérique, il semble que l’œuvre d’art aille de pair avec l’œuvre de civilisation. Peut-on penser que l’art est fils de liberté, en dépit des forces qui, tout en lui permettant de vivre, désirent le contraindre? Faut-il croire que l’art contribue à humaniser notre monde?  Doit-il chercher à traduire des vérités? L’art nous délivre-t-il de l’insignifiance, nous aide-t-il à cerner des aspects du réel autrement inaccessibles? Quel langage parle-t-il et à qui s’adresse-t-il? Faut-il le rendre à la portée de tous, est-il l’expression de son temps ou a-t-il à voir avec l’éternel? Qu’en est-il de son rapport à la science,  à la spiritualité, à la consommation?

C’est à ce genre de réflexions que nous vous convions.

[1]   Ces dernières années, les participants aux colloques ont eu le plaisir d’entendre Georges Leroux (professeur à la retraite de l’UQAM), Sami Aoun (politicologue, Université de Sherbrooke), François Lépine (journaliste à Radio-Canada),  Pierre Manent (professeur et directeur à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales à Paris), Daniel Weinstock, (professeur à l’UdM) pour ne nommer que ceux-là.