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Pierre Lemay a enseigné la philosophie au Cégep de Trois-Rivières de 1977 à 2014, année de sa retraite. Il a été adjoint au coordonnateur du Département de Philosophie du Cégep de Trois-Rivières en 1980-81. Il est membre-fondateur de la Société de Philosophie du Québec (SPQ) en 1974. Il fut également archiviste-adjoint de la SPQ en 1981 et 1982 et membre du Comité de rédaction du Bulletin de la SPQ de 1981 à 1984. Il est aussi membre-fondateur de la Société de Philosophie des régions au coeur du Québec en 2017. De plus, il est membre de l`Institut d`histoire de l`Amérique française depuis 1993 et membre de la Corporation du Salon du livre de Trois-Rivières depuis 2015. Il collabore à PhiloTR depuis sa création en 2004.

L`Histoire, no. 317 (Février 2007), 98p. [7.95$]

Dossier « Le retour de la censure, d`Abélard aux caricatures de Mahomet »

Ce dossier de 32 pages, qui contient six articles, nous rappelle comment, depuis le Moyen Age, censure et liberté d`expression ont mené un combat toujours renouvelé. Dans le premier article, qui traite de la liberté de pensée au Moyen Age, Patrick Boucheron allègue qu`« il n`y avait donc pas de pensée unique au Moyen Age. Et d`abord parce que, quel qu`ait pu être son rêve d`unité et d`universalité, l`Église n`était pas une, mais traversée de tensions et de luttes d`intérêts […] Et c`est dans les failles de l`institution englobante qu`était l`Église que les maîtres de l`université trouvaient les brèches, qui sont les lieux mêmes de la pensée » (p.34). Le deuxième article, rappelle les ruses et stratagèmes des philosophes confrontés à la police des livres. Descartes opte pour l`autocensure et le pseudonyme; Diderot choisit de garder par-devers lui l`essentiel de ce qu`il écrit ou d`en donner une diffusion restreinte. Pour sa part, Robert Kopp, historien de la littérature, spécialiste des XIXe et XXe siècles, passe en revue les débats et les combats qui ont été menés jusqu`à l`instauration de la liberté de la presse dans la Loi du 29 juillet 1881 où « ni les institutions, ni la famille, ni la propriété, ni les cultes, ni la morale ne sont protégés » (p.43). Par la suite, on peut lire un entretien avec l`écrivain Abdelwahab Meddeb qui tourne autour de la question « Peut-on critiquer l`islam ? ». Celui-ci mentionne que dans l`islam classique, il était possible de critiquer la religion mais ce n`est qu`au XIIIe siècle qu`a eu lieu le grand verrouillage de la pensée. De son côté, Pap Ndiaye signale que bien que la liberté d`expression aux États-Unis est garantie par le 1er amendement, ce droit a néanmoins subi de nombreux accrocs dans le domaine politique : loi sur la sédition (1798), loi sur l`espionnage (1918), loi Smith (1940), Patriot Act (2001). Dans le dernier article, Françoise Chandernagor, écrivain et juriste, s`inquiète du fait que les nouvelles menaces sur la liberté d`expression viennent du Parlement, visant en cela les cinq lois mémorielles en France. Et cette dernière d`ajouter : « De toute façon, il est clair que nous sommes entrés dans un mouvement qui est de l`ordre du religieux. Entrés dans la mécanique du sacrilège, la victime, dans nos sociétés, est entourée de l`aura du sacré. Du coup, l`écriture de l`histoire, la recherche universitaire, se retrouvent soumises à l`appréciation du législateur et du juge comme, autrefois, à celle de la Sorbonne ecclésiastique » (p.60).