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Décès de François Chamoux

François Chamoux

Le 21 octobre 2007 est décédé à Paris, l`helléniste François Chamoux. Il était l`un des antiquisants français les plus connus à travers le monde. Il accomplit l`essentiel de sa carrière à Nancy et à Paris. Il était à la fois un remarquable connaisseur de l`art grec, un historien à l`ampleur de vue remarquable, un archéologue et un expert en littérature et épigraphie grecques. Il était surtout le grand spécialiste de Diodore de Sicile. Ses obsèques eurent lieu le 24 octobre 2007 en l`église Saint Pierre de Montrouge à Paris.

Il naît le 4 avril 1915 à Mirecourt (Vosges). Il est le fils d`Émile Chamoux, proviseur de lycée, et de Henriette Genvot. Il fait ses études aux lycées de Chartres et de Metz. En 1934, il intègre l`École Normale Supérieure. En 1938, il est agrégé de lettres. La même année, il épouse Lucienne Cavayé; le couple aura deux enfants. À ses débuts, il choisit d`orienter ses recherches sur la cité antique de Cyrène (cité grecque de Lybie), jusqu`alors délaissée par les chercheurs. En 1941, il est professeur au lycée de Reims. En 1943, il est professeur au lycée de Chartres. De 1943 à 1948, il est membre de l`École française d`Athènes et y avait été chargé notamment de la publication de l`Aurige de Delphes (publié en 1955 à Paris chez E. de Boccard).

En 1948-1949, il est assistant de grec à la Faculté des Lettres de Lille. Puis, en 1949-1951, assistant d`archéologie et d`histoire de l`art à la Sorbonne. En 1951-1952, il est professeur au lycée Jacques-Decour, à Paris. En 1952, il obtient son doctorat ès lettres à Paris, avec pour sujet Cyrène sous la monarchie des Battiades (sa thèse sera publiée en 1953 à Paris chez E. de Boccard; elle traite de l`histoire de la colonisation grecque à Cyrène, de 631 av. J.-C. à 440). De 1952 à 1960, il est maître de conférences, puis professeur (1954) d`archéologie et d`histoire de l`art à la Faculté des Lettres de Nancy. Entre 1958 et 1960, il occupe les fonctions de secrétaire général du Syndicat autonome du personnel enseignant des Facultés des Lettres de l`État. De 1960 à 1983, il est professeur de littérature et de civilisation grecques à la Faculté des Lettres de Paris-Sorbonne.

De 1974 à 1987, il est directeur de la Revue des Études grecques. À cette époque, comme philologue, il patronne et soutient de toute son énergie l`édition de Pausanias et de Diodore de Sicile dans la collection Budé. De 1976 à 1981, il fonde et dirige la Mission archéologique française d`Apollonia en Cyrénaïque (Lybie), avant d`en confier les destinées à l`helléniste et africaniste français André Laronde, en 1981, dont il fut le directeur de thèse. Il convient d`ailleurs d`insister sur le rôle majeur de Chamoux dans les recherches archéologiques du pourtour méditerranéen. Il mena de nombreuses fouilles en Grèce, entre autres à Delphes, sujet de sa thèse complémentaire. Mais son plus grand mérite est d`avoir replacer la Cyrénaïque, région peu connue située en Lybie, dans le panorama des recherches archéologiques du bassin méditerranéen. Le 2 avril 1981, il est élu membre ordinaire de l`Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, au fauteuil d`André Parrot (1901-1980), archéologue français spécialisé dans le Proche-Orient ancien. En 1991, il est président de l`Académie. C`est grâce à l`action de Chamoux que purent être reprises, après une longue et fâcheuse interruption, les fouilles d`Apollonia de Cyrénaïque.

Excellent connaisseur du monde hellénistique dans son ensemble, François Chamoux en maîtrisait tous les aspects. Expert en épigraphie grecque, il s`attacha à faire connaître la Bibliothèque historique (une histoire universelle en 40 livres, des origines à 58 av. J.-C.) rédigée par l`historien grec Diodore de Sicile (1er s. av. J.-C.). En littérature, outre les classiques, il mit à l`honneur les épigrammes (au nombre de soixante-trois) du poèteet grammairien alexandrin Callimaque (v. 315 – v. 240). Le savoir de Chamoux se rapportait aussi à l`art auquel il consacra un ouvrage l`Art grec, paru à Paris et à Lausanne dans la Bibliothèque des Arts, en 1966. Il fut également, pendant des décennies, le spécialiste de la sculpture grecque classique. La fluidité et la clarté de son écriture se retrouvent dans deux ouvrages qui font encore référence aujourd`hui, soit La civilisation grecque à l`époque archaïque et classique (1963), suivie de La civilisation hellénistique (1981,rééd.1985), tous deux publiés dans la collection « Les grandes civilisations » chez Arthaud.

François Chamoux siégea de nombreuses années durant au sein de la commission administrative de l`Académie. Il fut aussi le maître d`œuvre du rapprochement de l`Académie des Inscriptions et Belles-Lettres avec l`Académie de Roumanie, qui aboutit à la signature d`une fructueuse convention en 1994. Il témoigna de son dévouement à l`Académie en jouant un rôle important dans la constitution du Fonds Louis Robert. Il participa également aux travaux de diverses commissions de l`Institut et tout d`abord à ceux de sa Commission administrative centrale. Il fut président de la fondation Jacquemart-André, à l`Institut de France.

Il a publié divers ouvrages dont : La sculpture de la Grèce antique : Les musées d`Athènes (Albin Michel,1968), Marc-Antoine, dernier prince de l`Orient grec (Arthaud,1986), Pausanias, Périégèse. I, Attique et Mégaride (commentaire; Les Belles Lettres,1992), Introduction générale à la Bibliothèque historique de Diodore de Sicile (1993) dont il dirigea l`édition dans la collection des Universités de France. Il a également publié quelques 140 articles, notamment dans le Bulletin de Correspondance hellénique, la Revue des Études grecques, la Revue archéologique et les CRAI.

Il était membre de l`Association pour l`Encouragement des Études grecques (président), de la Société internationale des Études homériques, de la Société nationale des Antiquaires de France (Paris,président), de la Société française d`Archéologie (Paris) et de la Society for the Promotion of Hellenic Studies (Londres). Il fut aussi membre du Comité consultatif des Universités, du Comité national du C.N.R.S., de la Commission consultative des recherches archéologiques à l`étranger du Ministère des Affaires étrangères, du Conseil d`administration et du Conseil scientifique de l`École française d`Athènes. Il fut également membre de l`Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique (Bruxelles), de l`Académie Pontaniana (Naples) et de l`Académie Roumaine (Bucarest).

De plus, il est Docteur honoris causa de l`Université de Neufchâtel. Il est aussi Commandeur de la Légion d`honneur, Croix de Guerre 1939-1945, Commandeur de l`Ordre national du Mérite, Commandeur de l`Ordre des Palmes académiques et Commandeur de l`Ordre des Arts et Lettres.