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Pierre Lemay a enseigné la philosophie au Cégep de Trois-Rivières de 1977 à 2014, année de sa retraite. Il a été adjoint au coordonnateur du Département de Philosophie du Cégep de Trois-Rivières en 1980-81. Il est membre-fondateur de la Société de Philosophie du Québec (SPQ) en 1974. Il fut également archiviste-adjoint de la SPQ en 1981 et 1982 et membre du Comité de rédaction du Bulletin de la SPQ de 1981 à 1984. Il est aussi membre-fondateur de la Société de Philosophie des régions au coeur du Québec en 2017. De plus, il est membre de l`Institut d`histoire de l`Amérique française depuis 1993 et membre de la Corporation du Salon du livre de Trois-Rivières depuis 2015. Il collabore à PhiloTR depuis sa création en 2004.

Le Magazine littéraire, no. 472 (février 2008), 98p. [8.10$]

Dossier « Aristote, le désir de savoir »

Le dossier de 36 pages qui comprend 15 articles est coordonné par Arnaud Macé, maître de conférences en philosophie ancienne à l`université de Franche-Comté. Dans le premier article, Michel Crubellier, professeur de philosophie ancienne à l`université de Lille, voit en Aristote, le théoricien de la pluralité des sciences si bien que partout où il y a quelque chose à comprendre, il est là. Il mentionne qu`« Il y a chez Aristote une unité réelle des savoirs, qui fonctionnent en réseau : non seulement parce qu`ils s`éclairent mutuellement à leurs frontières, comme l`éthique et la psychologie, ou parce que les uns fournissent aux autres des éléments d`analyse et de solution (comme la géométrie pour l`astronomie), mais parce que Aristote se montre soucieux de la cohérence des conclusions atteintes dans les différents domaines » (p.29).

Dans son deuxième article, Crubellier s`intéressant à l`Organon, affirme à propos de ces divers traités qu`« En effet, en dépit de leur caractère technique marqué, on ne peut pas dire qu`ils exposent un savoir, parce qu`ils ne portent pas sur un domaine d`objets. De sorte qu`il est raisonnable de les présenter comme le développement d`une réflexion qui porte, non sur les choses elles-mêmes, mais sur certaines démarches communes à toute activité scientifique et philosophique : définir, inférer, expliquer, argumenter, débattre » (p.45). Pour sa part, Annick Jaulin, professeur à l`université de Paris I-Sorbonne, parlant de La Métaphysique rappelle que ces traités regroupés sous ce titre cherchent à définir une théorie physique et logique du mouvement et de la forme, afin d`exposer « l`être en tant qu`être, à savoir la substance en acte d`un individu dont l`information est achevée » (p.51).

L`article d`Arnaud Macé porte sur la vocation politique de l`homme. À ce propos, il affirme « elle est celle par laquelle nous prenons parti sur la forme de vie qui nous semble la meilleure pour des hommes et mesurons l`ensemble de notre vie collective à cette aune. Elle est celle par laquelle nous entrons dans un débat sur la façon dont il est juste que nous vivions ensemble. […] La très riche étude des institutions positives des Grecs qu`Aristote nous a léguée est philosophique en tant qu`elle ramène cette diversité à la question de la détermination pratique, par les hommes vivants en collectivité, de la forme de vie qui leur semble juste » (p.53).

De son côté, Anne Merker, maître de conférences en philosophie à l`université Strasbourg II-Marc Bloch, répond à la question « Qu`est-ce que l`éthique ? ». Elle rappelle que chez Aristote, le caractère résulte d`un jeu entre le désir et la raison. Et celle-ci de renchérir en précisant que « l`èthos, c`est précisément la relation entre le désir et la pensée intellectuelle, l`èthos est la qualité de notre désir en tant qu`il suit, ou ne suit pas, la raison, laquelle prescrit au désir les objets qu`il doit rechercher ou fuir. […] L`èthos est ainsi le cœur de l`être humain, de son humanité. […] C`est dans cette relation du désir à la pensée rationnelle que le vivant animal qu`est l`humain devient proprement un vivant humain, et qu`il réalise son humanité. Cette relation, c`est l`èthos. L`éthique est là, c`est ici que se loge, au cœur de l`être humain, la dimension éthique de la réalité » (p.54-55).

Le dernier article, celui de Pierre Chiron, professeur de langue et littérature grecques anciennes à l`université Paris XII-Val de Marne, traite de la rhétorique. Pour lui, avec la Rhétorique, « Aristote nous enseigne à mettre la technique de persuasion à sa place, tout en la partageant le plus largement possible dans toute sa richesse et toutes ses dimensions. Elle peut ainsi jouer son rôle de lien social pacifique, respectueux de la liberté de chacun, et de vecteur de l`intérêt collectif, sans prétendre pour autant le définir complètement » (p.60).

À l`intérieur du dossier, une section présente brièvement les livres essentiels d`Aristote.

Info. : http://www.magazine-litteraire.com