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Résumé de la conférence de Jean-Claude Guillebaud

Résumé de la conférence de Jean-Claude Guillebaud
« Le commencement d’un monde »
Trois-Rivières, église Saint-James, rue des Ursulines
dans le cadre des Philoconférences
le mercredi 11 février 2009, de 19h30 à 21h30

Ancien grand reporter au quotidien Le Monde, après avoir couvert durant vingt ans les tragédies du globe, Jean-Claude Guillebaud conserve un tempérament optimiste. Pourquoi? Réponse de Guillebaud : «J’ai toujours trouvé dans les pires situations des hommes et des femmes qui ne désespéraient pas.»
 
Guillebaud ajoute que «le monde va objectivement moins mal qu’avant.» Il nous parle de  l’Association Reporters d’Espoirs [1] dont l’objectif est de faire connaître de l’information «porteuse de solutions».  

 

Dans un éditorial [2] du Magazine Reporters d’Espoirs, résumé dans sa conférence, Guillebaud évoque une «face cachée du réel» puisque la réalité étant faite «d’ombres et de lumières», on oublie que dans le monde certaines initiatives se concluent par autant «de victoires sur la fatalité» et que si les journaux ne rapportent que le pire, il faut aussi que l’on fasse connaître le meilleur : «progrès trop ignorés, démarches de paix, réconciliations durables», etc.

Et Guillebaud d’ajouter quelques exemples :

1)    «La liberté a beaucoup progressé dans le monde par rapport à 1975, regardez en Amérique du Sud et dans l’ancienne Europe de l’Est.»

2)     «Un milliard d’êtres humains vivent avec moins de 1 dollar par jour, c’est vrai; mais il y a peu de temps, ils étaient deux milliards.»

3)     «En Inde, on se retrouve maintenant avec une classe moyenne de 350 millions de personnes.»

4)    «Le terrorisme est abject. Il fait 1000 morts par an. Mais c’est deux jours de bombardements à Londres durant la guerre.»

C’est pourquoi l’optimisme reste permis. Mais il faut pour cela éviter le piège de la «prophétie autoréalisatrice» : à force de se conditionner au pire, le pire arrive; à force de tout voir en noir, aucune place n’est réservée à la lumière.

Guillebaud propose d’adopter une «stratégie optimiste». Car il croit qu’il «est plus intelligent d’être optimiste que pessimiste.»

 
{mosimage}Il est vrai toutefois que nous vivons actuellement «une mutation» comme il s’en produit une par mille ans. L’équivalent de la chute de l’Empire romain ou de la Renaissance. Le philosophe Karl Jaspers employait une expression : «moment axial». Quant au philosophe Michel Serres, il n’hésite pas à parler d’une révolution aussi importante que celle ayant marqué le passage du paléolithique au néolithique, alors que l’être humain devenait sédentaire, éleveur et agriculteur.

Ce « moment axial » se traduit par 4 révolutions majeures :

1)    Une révolution économique : la mondialisation s’effectue à un rythme effréné, au point de la rendre quasi incontrôlable, d’où l’urgence de la harnacher.

2)    Une révolution informatique : le web est devenu un 6e continent, un nouvel espace, qu’il faudra apprendre à penser. Chaque mois, en France, on numérise 3000 grandes œuvres. On peut, de chez soi, visiter le Louvre. Le monde est à la portée d’un clic.

3)    Une révolution génétique : un enfant pourrait avoir cinq parents, le donneur de sperme, la donneuse d’ovocytes, la mère porteuse, le père et la mère. Comment l’enfant construira-t-il son identité? Là aussi, nous faisons face à de l’ « impensé ». Nos concepts familiers deviennent friables.

4)    Une révolution écologique : les Chinois utilisaient le vélo, maintenant ils achètent des voitures. Un milliard trois cents millions de Chinois pour combien de voitures? En outre, les changements climatiques font craindre le pire. Sur ce point, Guillebaud se montre pessimiste. La pollution et l’hyperconsommation menacent l’avenir de la planète.  Il faudra vite réagir, sinon nous sommes perdus.

 
{mosimage}Ces 4 révolutions majeures poussent Guillebaud à conclure que «nous sommes devant un monde qui disparaît et un autre qui naît.»

Nous sommes donc au «Commencement d’un monde» (Éditions du Seuil), titre du récent essai de Jean-Claude Guillebaud qui résume ses thèses en rappelant ce mot de Goethe : «Le pessimiste se condamne à être spectateur.»  

 
À voir : cette présentation vidéo de ses thèses [3] du «Commencement d'un monde»