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NP02 : Quel progrès ?

Vient tout juste de paraître le deuxième numéro du magazine «Nouveau Projet».  Si le numéro fondateur avait pour thème «(sur)vivre au 21e siècle [1]», le second numéro (de 162 pages) contient pour sa part un dossier central de plus de 40 pages consacré à la question «Quel progrès? [2]».

 

Parmi les gens en philosophie qui signent des textes dans ce second numéro, on peut notamment y lire un essai intitulé La Suède ne s’est pas construite en un jour, écrit par Jocelyn Maclure [3] (né en 1973, Jocelyn Maclure est professeur de philosophie à l’Université Laval et coéditeur de Nouveau Projet [4] et de Documents [5], ainsi que coauteur avec Charles Taylor de Laïcité et liberté de conscience [6]), de même que l’on peut y lire une réflexion sur le thème de L’apocalypse et de la capacité à «faire monde» par Michaël Foessel [7] (maître de conférence en philosophie à l’Université de Bourgogne et conseiller de la direction de la revue Esprit [8]), ainsi qu’une analyse du langage portant sur la métaphore de la «machine humaine» par Caroline Allard [9] (ex-doctorante en philosophie à l’Université de Montréal et auteure de Chroniques d’une mère indigne [10] et de Pour en finir avec le sexe [11]), une recension du livre de Jonathan Haidt [12] Why Good People are Divided by Politics and Religion (recension faite par Martin Gilbert [13], chercheur postdoctoral en éthique à l’Université McGill) et une réflexion de Mark Kingwell [14] (professeur de philosophie à l’Université de Toronto et critique musical, auteur notamment d’une biographie philosophique sur Glenn Gould [15]) sur la fatalité de l’art public et le poids de la commémoration, illustrés par le 9/11 Memorial Plaza. .

 

S’ajoute aussi au dossier sur le progrès une réflexion de Chris Hedges [16] (Prix Pulitzer 2002 [17]) sur la Révolte, un photoreportage de Michel Huneault [18] et Raquel Moreno-Peneranda [19] sur les contrastes et leçons du Japon en matière d’agriculture urbaine et de paysages ruraux, un collage de Peter Finke sur les valeurs contrastées des notions de progrès et de croissance, ainsi qu’un reportage sur l’échangeur Turcot en tant que symbole.  Et enfin, pour les personnes qui ont été intriguées par les mutations du capitalisme soulevées dans l’article sur L’art du décloisonnement à l’ère du projet [20] (Patrice Létourneau [21], dans le premier numéro de Nouveau Projet), on peut lire dans ce second numéro une enquête journalistique de Clément Sabourin [22] sur Le capitalisme DIY.

 

Fidèle à l’idée de créer «un magazine qui n’a pas peur de mélanger le journalisme et la littérature, la philosophie et la bande dessinée, la culture pop et la haute culture, les idées et les émotions, le je et le nous», ce numéro comprend aussi un bédéreportage sur les CHSLD, une entrevue/Mode d’emploi avec Lisa Fithian [23] sur la désobéissance civile, la traduction française du célèbre essai «Why Bother?» de l’écrivain Jonathan Franzen [24] dans lequel il interroge ce à quoi peut bien servir la littérature dans un monde fait d’images, de sons et d’interactivités, ainsi que plusieurs autres textes d’intérêt.

 

Voici un bref extrait de l’Intro de ce numéro, par Nicolas Langelier [25] :

«L’effervescence sociale des derniers mois aura soulevé beaucoup de questions sur la société dans laquelle nous souhaitons vivre, sur les ambitions que nous partageons encore, sur les outils que nous souhaitons nous donner pour atteindre nos objectifs collectifs et individuels. Et plusieurs de ces questions, centrales, concernent le progrès: qu’est-­il, au juste? Que reste­-t-­il de la passion pour le progrès qui a caractérisé la modernité? Comment le progrès se manifeste-­t-­il, en ces années 2010 troublées? Est-­il même encore un objectif partagé, alors que plusieurs voudraient nous voir « dé­progresser » en effaçant certains des acquis sociaux des 40, 60, 100 dernières années?

 

Pendant très longtemps, nous avions pourtant tenu pour acquise cette idée héritée des Lumières : que l’Histoire avait une direction, et que l’avenir serait inévitablement meilleur que le passé. Le temps n’était plus une boucle répétée à l’infini, mais une ligne qui menait tout droit à un monde revu et amélioré. Être moderne, c’était croire au progrès. Puis sont arrivées les catastrophes que l’on sait—les tyrannies modernes et les deux grandes guerres, les catastrophes scientifiques et l’holocauste écologique, le bouton «J’aime» et la grande tournée québécoise du gars dont le père est riche —et soudainement tout cela n’est plus si clair.

 

Quel progrès souhaitons-­nous, ici, maintenant ? C’est cette question fondamentale qu’abordent, chacun à leur manière, les textes de notre dossier central. De l’Antiquité au Japon post-tsunami, de l’échangeur Turcot des glorieuses années 1960 à celui des beaucoup plus ambigües années 2010, du Mile End à Brooklyn en passant par Zucotti Park, nos collaborateurs apportent des éléments de réponse, aussi fragmentaires soient-­ils.

 

Mais à bien y penser, c’est l’ensemble de NP02 qui tente de répondre à cette question, pas juste les textes du dossier. Que ce soit le magnifique texte de Fanny Britt sur notre rapport aux réseaux sociaux, la lettre d’Inès Bel Aïba en provenance du Caire au lende­main des élections égyptiennes, l’analyse de Caroline Allard, qui se demande comment nous en sommes devenus à nous voir comme des machines, ou la touchante bédéreportage de Pascal Girard sur la vie en chsld et la vieillesse que nous nous souhaitons, tous convergent de toute évidence vers une préoccupation commune.»

 

Nouveau Projet 02 [2]

Publié le 20 septembre 2012

162 pages

ISBN : 978-2-924153-03-1

 

*Nouveau Projet [26] paraît deux fois par année, en mars et en septembre – l’abonnement [27] au magazine Nouveau Projet inclut aussi deux petits livres par année, dont le premier était signé par les philosophes Patrick Turmel et David Robichaud sur la notion de «Juste part» [28].