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Alain Finkielkraut entre à l`Académie française

Le 10 avril 2014, le philosophe français Alain Finkielkraut a été  élu à l`Académie française, en récoltant 16 voix sur 28. Il y occupera le fauteuil no. 21, détenu jadis par le romancier et essayiste français d`origine belge Félicien Marceau (1913-2012), décédé le 7 mars 2012.

 

Académie française [1]

 

L`Académie française est la plus ancienne des cinq académies qui forment l`Institut de France. Fondée par le cardinal de Richelieu en 1634, elle fut d`abord composée d`un groupe de lettrés auxquels se joignirent peu à peu des hommes d`État, des avocats, des médecins. Elle est officialisée le 22 février 1635 par Louis XIII. Elle se compose de quarante membres, les « Quarante », les « Immortels », choisis (à vie) par cooptation, chargés notamment de la rédaction et de la mise à jour d`un « Dictionnaire de la langue française » et d`une Grammaire (publiée en 1933). Elle distribue de nombreux prix de fondation. Le directeur et le chancelier sont élus tous les trois mois. Le secrétaire perpétuel est nommé à vie; poste qu`occupe depuis 1999, l`historienne française Hélène Carrère d`Encausse. Rappelons que l`Académie française a élu au premier tour l`écrivain québécois d`origine haïtienne Dany Laferrière, le 12 décembre 2013.

 

Repères biographiques

 

Alain Finkielkraut est né à Paris le 30 juin 1949. Dans les années 1930, son père, maroquinier juif, quitte la Pologne en raison de l`antisémitisme; il survivra à la déportation à Auschwitz, en 1941. Après ses études secondaires, Finkielkraut prépare le concours d`entrée des Écoles normales supérieures au lycée Henri-IV. En 1968, après avoir échoué à celle de la rue d`ULM, il fait des études de philosophie à l`École normale supérieure de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) en 1969.

 

En 1974, il est professeur au lycée technique de Beauvais (Picardie). De 1976 à 1978, il enseigne à l`Université de Berkeley (Californie) au Département de Littérature Française. En 1977, il publie en collaboration avec Pascal Bruckner Le nouveau désordre amoureux (Seuil), ouvrage qui s`attaque au mythe de la révolution sexuelle issue de Mai 68 et des théories des philosophes français Gilles Deleuze (1925-1995) et Félix Guattari (1930-1992), de l`écrivain et cinéaste Guy Debord (1931-1994) et des situationnistes. À partir du début des années 1980, il est professeur de philosophie et d`histoire des idées au Département Humanités et sciences sociales à l`École polytechnique, à Paris. En 1980, il publie Le Juif imaginaire (Seuil). En 1984, il publie La Sagesse de l`amour (Gallimard); la même année, il obtient le Prix européen de l`essai Charles Veillon pour ce même ouvrage. En 1987, il fonde chez POL la revue croate Le Messager européen, publiée pendant dix ans en France. En 1987 toujours, il publie La Défaite de la pensée (Gallimard), une critique acerbe du monde moderne. En 1991, il publie Le Mécontemporain (Gallimard).  En 1992, il publie Comment peut-on être croate ? (Gallimard), ouvrage qui fait de lui l`un des premiers à s`opposer à la grande Serbie. Il y revendique son attachement pour les « petites nations » qui, d`après lui, sont synonymes de liberté. En 1994, il est Chevalier de la Légion d`honneur. En 1996, il publie L`Humanité perdue (Seuil). En 1999, il publie L`Ingratitude (Gallimard). En juin 2000, il fonde en compagnie du philosophe et écrivain Benny Lévy (1945-2003) et du philosophe Bernard-Henri Lévy, l`Institut d`études lévinassiennes, à Jérusalem, consacré à la pensée et à l`œuvre du philosophe Emmanuel Lévinas (1906-1995). En 2003, il est accusé par le philosophe et islamologue suisse d`origine égyptienne Tariq Ramadan de faire preuve de communautarisme identitaire. En 2003 toujours, il publie Enseigner les lettres aujourd`hui (Tricorne), où il se pose en défenseur de l`école républicaine. En 2005, il publie Nous autres, modernes : Quatre leçons (Ellipses), ouvrage qui lui vaut le Prix Guizot-Calvados en 2006. En 2009, il publie Un cœur intelligent (Stock/Flammarion) avec lequel il remporte le Prix de l`essai de l`Académie française en 2010. Depuis 1987, il anime une émission radiophonique hebdomadaire d`entretiens « Répliques », diffusée chaque samedi matin entre 9 heures et 10 heures sur France-Culture. De plus, il a aussi animé une émission d`opinion « Qui vive », sur la radio communautaire juive RCJ jusqu`en juin 2006. En 2007, il soutient Nicolas Sarkozy (alors président de l`UMP) à la présidentielle française. En 2009, il est promu Officier de la Légion d`Honneur. En 2011, il publie Et si l`amour durait (Stock). En 2013, il publie L`identité malheureuse (Stock). 

 

Écrivain  et essayiste, il est l`un des intellectuels français les plus importants de sa génération, se distinguant par son anticonformisme intellectuel. Philosophe reconnu, ses prises de position sur les événements clés de l`histoire suscitent souvent la polémique. À titre d`exemple, il est très critique sur l`école qu`il accuse de ne pas avoir offert aux enfants défavorisés une chance réelle d`intégration ou encore que l`école ne fonctionne correctement que pour les fils de bourgeois. Intellectuel médiatique, il est invité dans de nombreux débats politiques à la télévision où, le plus souvent, il défend les thèses de la droite la plus populiste. Il a pour maîtres : le poète et essayiste français Charles Péguy (1873-1914), la philosophe allemande Hannah Arendt (1906-1975), le philosophe français Emmanuel Levinas (1906-1995) et le romancier et essayiste tchèque Milan Kundera. Il est également l`auteur de nombreux ouvrages sur la littérature, l`amour, la modernité, la judaïté, le nationalisme et la colonisation.