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25e anniversaire de la chute du Mur de Berlin

L`année 2014 marque le 25e anniversaire de la chute du Mur de Berlin (Berliner Mauer). En effet, c`est le 9 novembre 1989 que le mur tombe et que les parties Est et Ouest de Berlin sont réunifiées.

 

 

Berlin après 1945

 

 

Située sur la Sprée, la ville est, avant la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la capitale du Reich allemand. Le 20 avril 1945, l`Armée rouge encercle la ville prise sous le feu de l`aviation Alliée. Douze jours plus tard, au terme de combats qui la laissent exsangue, Berlin se rend. Elle est conquise par les troupes soviétiques et occupée conjointement par les Alliés. Le 8 mai 1945, l`acte de capitulation des forces armées allemandes est signé à Berlin, par le maréchal allemand Wilhelm Keitel. La conférence de Potsdam, qui a lieu du 17 juillet au 2 août 1945, réunit Harry Truman (États-Unis), Joseph Staline (U.R.S.S.) et Winston Churchill (remplacé, le 28 juillet, par Clément Attlee, nouveau Premier ministre de Grande-Bretagne) règle les problèmes posés par la capitulation allemande. Elle précise les dispositions prises lors de la conférence de Yalta (tenue du 4 au 11 février 1945) et répartit Berlin entre les quatre zones d`occupation jusqu`en 1949, tout en prévoyant des remaniements de frontières. Les Occidentaux introduisent alors une nouvelle unité monétaire dans leur zone, le mark allemand, et posent ainsi les jalons de la future RFA. Située dans la partie orientale de l`Allemagne occupée par l`U.R.S.S., Berlin devient rapidement le théâtre d`un affrontement entre les deux blocs. À partir de 1946, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France mènent une politique d`unification de l`Allemagne occidentale. À partir de 1947, Berlin devient d`une part, le point de cristallisation d`une « Guerre froide » qui en est à ses débuts et d`autre part, le laboratoire des tensions qui minent lentement l`alliance quadripartite. Au début de 1948, les Alliés occidentaux proposent d`unir les secteurs de Berlin (isolée au cœur de la zone soviétique). Le 20 mars 1948, les Soviétiques se retirent de la Commission de contrôle quadripartite pour protester contre la décision alliée d`unifier les zones d`occupation anglo-saxonnes. Ils ripostent alors en fermant les routes d`accès.

 

Au blocus  de Berlin décrété le 24 juin 1948 par l`U.R.S.S., qui entraîne la fermeture de toutes les voies d`accès à Berlin, les Alliés répondent par un pont aérien, annoncé par le président Harry S. Truman le 26 juin, pour ravitailler Berlin-Ouest, qui est enclavée dans la zone d`influence soviétique. Ainsi pendant près de onze mois, grâce à 275,000 vols au total, 8,000 tonnes de matériels et de vivres par jour sont acheminées. Les Alliés ont ainsi livré environ 2,3 millions de tonnes de nourriture à la ville avec ses deux millions d`habitants.

 

Berlin est alors divisée en deux. D`un côté, Berlin-Ouest, agglomération correspondant aux anciens secteurs d`occupation des États-Unis, de la Grande Bretagne et de la France, soit 480 km2 sur lequel vivent 1,985,000 habitants. La ville forme alors un Land de la République fédérale allemande (RFA). De l`autre, Berlin-Est d`une superficie de 403 km2 avec ses 1,098,000 habitants, capitale de la République démocratique allemande (RDA). Le 12 mai 1949, les Soviétiques, non désireux de provoquer une guerre avec les Américains et déconcertés par la nouvelle fermeté du camp occidental, signent un accord levant le blocus et rétablissent de ce fait la libre-circulation à l`intérieur de la ville. Cette première crise de Berlin accélère la partition de l`Allemagne. En mai 1949, la République fédérale allemande (RFA) est créée; alors que la République démocratique allemande (RDA) le sera en octobre de la même année. Le 17 juin 1953, des émeutes ouvrières sont durement réprimées par les autorités de Berlin-Est. En novembre 1958, l`U.R.S.S. abolit unilatéralement le statut quadripartite de Berlin. Sa proposition de faire de Berlin-Ouest une ville libre sous contrôle de l`O.N.U. est rejetée par les Occidentaux.

 

Pour éviter l`émigration de Berlin-Est vers Berlin-Ouest, les dirigeants de l`Allemagne de l`Est élèvent un mur (surnommé en Occident le « mur de la honte ») entre les deux parties de la ville le 13 août 1961. D`une longueur de 43 km, il est achevé le 29 novembre de la même année. Il est de plus gardé jour et nuit par la police populaire qui tire à vue sur toute personne qui tente de le franchir. Les Occidentaux laissent faire et se contentent de dénoncer, à l`instar du président américain John F. Kennedy dans son discours du 26 juin 1963 sur la Rudolph Wilde Platz, à Berlin (« Ich bin ein Berliner »). Entre 1945 et 1961, Berlin-Ouest accueille près de 3 millions d`Allemands de l`Est. L`accord de normalisation du 3 septembre 1971 entre les États-Unis, la Grande-Bretagne, l`U.R.S.S. et la France, tout en réaffirmant le principe de la responsabilité exclusive des « quatre Grands » sur la ville, va permettre la circulation des biens et des personnes entre les deux Berlin. En 1972, les deux Allemagne signent un traité par lequel elles reconnaissent mutuellement leur souveraineté. En 1989, l`effondrement du régime communiste en RDA et la suppression du mur de Berlin, dans la nuit du 9 au 10 novembre, ouvrent de nouvelles perspectives. L`Allemagne est réunifiée en 1990 et Berlin redevient capitale en 1991. Les dernières troupes d`occupation évacuent la ville en 1994.

 

 

Discours de John F. Kennedy à Berlin

 

JFK-Berlin [1] 

 

On trouvera ci-après un extrait du discours prononcé par le président américain John F. Kennedy (1917-1963) lors de sa visite à Berlin, le 26 juin 1963, au balcon de l’hôtel de ville de Schöneberg, à Berlin-Ouest.

 

 

« Je suis fier d’être venu dans votre ville, invité par votre bourgmestre régnant. Votre bourgmestre symbolise aux yeux du monde entier l’esprit combattant de Berlin Ouest. Je suis fier d’avoir visité la République fédérale avec le chancelier Adenauer qui a depuis tant d’années engagé l’Allemagne dans la démocratie, la liberté et le progrès, et de venir ici en compagnie de mon compatriote américain le Général Clay, qui fut dans cette ville durant ses pires moments de crise et reviendra s’il en était un jour besoin. Il y a deux mille ans, la fierté suprême était de dire: « civis Romanum sum ». Aujourd’hui, dans le monde de la liberté, la fierté suprême est de dire :    « Ich bin ein Berliner ». Je remercie mon interprète d’avoir traduit mon allemand ! Il ne manque pas de personnes au monde qui ne veulent pas comprendre ou qui prétendent ne pas vouloir comprendre quel est le litige entre le communisme et le monde libre. Qu’elles viennent donc à Berlin. D’autres prétendent que le communisme est l’arme de l’avenir. Qu’ils viennent eux aussi à Berlin. Certains, enfin en Europe et ailleurs, prétendent qu’on peut travailler avec les communistes. Qu’ils viennent donc ceux-là aussi à Berlin. Notre liberté éprouve certes beaucoup de difficultés et notre démocratie n’est pas parfaite. Cependant nous n’avons jamais eu besoin, nous, d’ériger un mur pour empêcher notre peuple de s’enfuir. Je ne connais aucune ville qui ait connu dix-huit ans de régime d’occupation et qui soit restée aussi vitale et forte et qui vive avec l’espoir et la détermination qui est celle de Berlin-Ouest. Le mur fournit la démonstration éclatante de la faillite du système communiste. Cette faillite est visible aux yeux du monde entier. Nous n’éprouvons aucune satisfaction en voyant ce mur, car il constitue à nos yeux une offense non seulement à l’histoire mais encore une offense à l’humanité. La paix en Europe ne peut pas être assurée tant qu’un Allemand sur quatre sera privé du droit élémentaire des hommes libres à l’auto-détermination. Après dix-huit ans de paix et de confiance, la présente génération allemande a mérité le droit d’être libre, ainsi que le droit à la réunification de ses familles et de sa nation pacifiquement et durablement. Vous vivez sur un îlot de liberté mais votre vie est liée au sort du continent. Je vous demande donc de regarder par-dessus les dangers d’aujourd’hui vers les espoirs de demain, de ne pas penser seulement à votre ville et à votre patrie allemande, mais d’axer votre pensée sur le progrès de la liberté dans le monde entier. Ne voyez pas le mur, envisagez le jour où éclatera la paix, une paix juste. La liberté est indivisible et, tant qu’un seul homme se trouvera en esclavage, tous les autres ne peuvent être considérés comme libres. Mais quand tous les hommes seront libres, nous pourrons attendre en toute conscience le jour où cette ville de Berlin sera réunifiée et où le grand continent européen rayonnera pacifiquement. La population de Berlin-Ouest peut être certaine qu’elle a tenu bon pour la bonne cause sur le front de la liberté pendant une vingtaine d’années. Tous les hommes libres, où qu’ils vivent, sont citoyens de cette ville de Berlin-Ouest et pour cette raison, en ma qualité d’homme libre, je dis : Ich bin ein Berliner ».

 

 

Commémoration

 

 Chute-Mur-Berlin [2]

Porte de Brandebourg en 1989

 

Pour marquer le 25e anniversaire de la chute du mur de Berlin, la ville va reprendre une partie du tracé urbain de l`ouvrage qui coupait la municipalité en deux, mais sous forme d`une installation lumineuse.

 

Du 7 au 9 novembre, une vaste installation artistique de 15 km de long transformera l`ancien tracé du mur en lichtgrenze, une frontière de lumière. Une enfilade de 8,000 ballons lumineux accrochés à des socles éphémères, qui passera entre autres par l`ancien poste frontalier de Checkpoint Charlie et la Porte de Brandebourg (édifiée en 1788), sera accompagnée de 100 panneaux relatant l`histoire de certaines personnes ayant tenté de franchir le mur de Berlin pendant ses 28 ans d`histoire. Chaque ballon appartiendra à une personne ayant vécu ce moment historique du 9 novembre 1989, lorsque le mur tomba et que les parties Est et Ouest de Berlin furent réunifiées. Le 9 novembre, les ballons seront lâchés dans le ciel, sous l`air de la Neuvième symphonie (1824) du compositeur allemand Ludwig van Beethoven (1770-1827), interprétée par l`orchestre symphonique Staatskapelle de Berlin. Une grande fête populaire suivra à la Porte de Brandebourg.

 

 

Bibliographie

 

 

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