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Texte de Philippe Larivière – lauréat 2018 du 1er prix au concours d’écriture sur les femmes philosophes

[NDLR : nous publions ici le texte de Philippe Larivière, étudiant lauréat du 1er prix de 200$ à l’édition 2018 [1] du Concours d’écriture sur la présentation de femmes philosophes.  Ce texte sera aussi publié dans «La Gifle» et dans «Le Logos».]


 

Par Philippe Larivière

(Lauréate 2018 du 1er prix [1]

au Concours d’écriture sur la présentation de femmes philosophes)

 

« … aucun mur de pierre n’est une prison; potentiellement tant que nous sommes conscients, nous sommes libres. »

Iris Murdoch, Sartre un rationaliste romantique, p.147

 

Iris Murdoch est l’une des plus grandes intellectuelles du XXesiècle. Dans ses œuvres, elle n’hésite pas à mettre de l’avant des thèmes majeurs en philosophie comme la moralité, l’amour, l’art ainsi que le pouvoir de l’inconscient. L’auteure britannique, en plus d’enseigner à l’Université d’Oxford, écrit près de 26 romans au cours de sa carrière. De plus, son talent et son amour pour les lettres lui permettent de remporter le Booker Prize en 1978. Même si elle élabore des personnages complexes et tourmentés, son héritage s’enracine dans son irréductible espoir en l’humanité.

 

Notre époque est tiraillée par le culte de l’image. Il faut paraître d’avantage qu’être. Aujourd’hui, être est quelque chose de superflu si on est incapable de le vendre aux yeux des autres. L’individu est une marque de commerce dont la valeur fluctue entre l’extase et la mélancolie. Ces extases sont éphémères et spectaculaires; cette mélancolie est permanente et rampante. D’Instagram à Tinder, en passant par Facebook et Snapchat, ces états sont le prix à payer pour aspirer être quelqu’un. Dans notre société, les influenceurs ne sont ni philosophes ni chefs d’État. Ce sont de pâles personnes qui polluent nos fils d’actualité avec des photos retouchées prises sous le soleil de plomb de Cuba pour l’or et la reconnaissance. Alors, le conformisme se matérialise en standard de vie; le manque d’estime devient une épidémie. Les moments sont captés, mais ne sont pas vécus. Les aventures sont adulées, mais l’amour a disparu. Nous sommes prisonniers de la performance, de la concurrence et de l’instantanéité. Le danger est que nous restions inconscients assez longtemps pour former une génération d’êtres insatisfaits, seuls et tristes. Nous élevons nous-même les murs qui enferment notre esprit dans une condition superficielle. L’existence est aliénée dans ce monde matériel.

 

Cependant, c’est notre conscience qui nous affranchira de cette prison. En effet, nous devons prendre conscience de notre humanité, de notre environnement et de notre temps pour aspirer au bonheur. Si on réalise une trame de l’histoire de l’humanité, notre individualité ne représente qu’une infime goutte dans l’océan de l’expérience humaine. C’est en reconnaissant cette prémisse sur notre temporalité que nous pouvons nous concentrer sur le développement de notre humanisme au lieu de se réduire au matérialisme. Plus que jamais, le monde a besoin de qualités humaines comme l’ouverture, la tolérance et l’empathie. Nous devons construire des ponts, détruire des murs. Nous devons embrasser la justice, embraser le changement. Peu importe ce qui est arrivé, peu importe ce qui arrivera, il faut saisir l’opportunité de vivre, en soi.  Nous devons apprécier les rencontres comme les brises en été. On doit rêver sans cadres et aimer sans raison. Nous devons vivre par passion, pas par procuration. Il faut estimer la beauté d’un coucher de soleil comme celui d’un amour naissant. Il faut chérir la modestie de l’aube comme un regard compatissant. C’est en prenant conscience que l’espoir constitue la clé de voûte de l’existence humaine que nous serons libres.

 

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