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l’empire cybernétique

Publié en 2004, cet essai de Céline Lafontaine [1] n’est pas à proprement parler une nouveauté, quoiqu’il n’a peut-être pas encore rencontré tout l’écho qu’il mérite, et ce, malgré qu’il ait été couronné du «Prix du jeune sociologue de l’Association Internationale des Sociologues de Langue Française». 

Il s’agit d’un ouvrage susceptible d’intéresser tout autant le philosophe des sciences et l’épistémologue, que le sociologue des sciences (comme le sociologue de la culture et des «idées») et l’historien des sciences, tout comme le philosophe intéressé par la «querelle de l’humanisme et du posthumanisme», ainsi que la personne à l’affût des rapports possibles entre utopie et critique dystopique – ce qui peut aussi rejoindre des considérations sur le rapport entre culture, imaginaire et «mythologies contemporaines».

Voici la présentation qu’en fait l’éditeur :

«Du structuralisme à la philosophie postmoderne, de la déconstruction au systémisme, de Claude Lévi-Strauss à Jacques Lacan, de Gilles Deleuze à Jean-François Lyotard, une bonne part de la pensée européenne des cinquante dernières années a été souterrainement influencée par un ensemble de présupposés théoriques élaborés dans l’immédiat après-guerre avec la naissance de la cybernétique. Ce « paradigme cybernétique », dont l’apparition est historiquement datée, se fondait sur une toute nouvelle conception de l’humain et de la société en rupture avec l’héritage humaniste de la modernité. En général ignorée, ou passée sous silence, cette influence a profondément marqué le paysage intellectuel contemporain. C’est ce que l’auteur de ce livre, sociologue à l’Université de Montréal, met en évidence dans cet essai. Il s’agit de reconstituer, avec précision, la généalogie d’un paradigme qui fut et demeure très influent, aussi bien sur le vieux continent qu’outre-Atlantique. À ce titre, le travail de Céline Lafontaine apparaît comme une contribution essentielle autant que neuve au débat contemporain. En replaçant dans son contexte historique l’apparition de ce qu’on appelle la postmodernité, cet essai surprendra sans doute. C’est néanmoins un apport dont il sera désormais difficile de ne pas tenir compte, d’autant plus qu’il apporte un éclairage neuf sur l’imaginaire des technosciences.

Jeune sociologue québécoise (elle vient d’être nommée à l’Université de Montréal), Céline Lafontaine fut l’élève, en France, du professeur Philippe Breton, spécialiste des sciences de la communication et auteur de nombreux livres qui font autorité sur le langage et la manipulation de la parole (il préface le livre). Mais, au Québec, Céline Lafontaine inscrit son travail dans le droit fil d’un auteur considérable et injustement méconnu en France : Michel Freitag. Elle incarne assez bien une génération de jeunes chercheurs, paisiblement affranchis des querelles intellectuelles traditionnelles (Mai 68, la postmodernité, le structuralisme, etc.). De plain-pied avec la modernité, elle propose une analyse décomplexée, critique et roborative des courants de pensée contemporain.»

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AUTEURE : Céline Lafontaine [1]
TITRE : l’empire cybernétique.  Des machines à penser à la pensée machine
ÉDITEUR : Seuil
PARUTION : 2004
PAGES : 238
ISBN-13 : 978-2020561709 


Voir aussi : cette recension dans la revue Philosophiques [2] (volume 32, numéro 1, 2005, p.277-281).