Récipiendaire du 3e Prix 2022 au Concours d'écriture sur les Femmes Philosophes (Prix 2022).

NDLR : Nous publions ci-dessous le texte de Samuel Racette, récipiendaire du 3e Prix au concours d’écriture Femmes Philosophes 2022 qui s’est déroulé dans le cadre de la 10e Semaine de la philosophie. Toutes nos félicitations à Samuel Racette !

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« Connaître quelqu’un à fond est une illusion.

À la différence d’une poche, l’humain n’a pas de fond »

  • Claude Habib

Claude Habib (1956-) est une auteure et une professeure de littérature française à la Sorbonne. Spécialiste de Rousseau et féministe différentialiste, elle s’intéresse avant tout aux relations hommes-femmes. Elle se veut profondément égalitaire dans son féminisme et prône un féminisme à la française.  Profondément intéressée aux relations hommes-femmes et à la subtilité de celles-ci, elle s’intéresse à une myriade de sujets qu’elle actualise selon les époques, car elle écrit depuis plus de 30 ans, passant de la maternité, au mouvement #metoo, à l’égalité salariale et au voile.

 

Quand on prend le temps d’y penser, la connaissance des autres est encore plus difficile à appréhender que la connaissance de soi.

 

L’humain est un être multidimensionnel. Loin de toutes connotations ésotériques, j’entends par là que l’être humain se compose d’une multitude de facettes complexes qu’iel n’arrive souvent même pas à décortiquer iel-même. L’inconscient représente après tout la plus grande partie de la psyché. Lorsqu’on entreprend le long voyage à la rencontre de notre être intérieur, nous devons être prêt à abandonner toute notion préconçue de l’être que nous pensions être. Lorsqu’une personne entreprend ce périple, iel réalisera que le vrai soi se situe à la fois en dehors et à l’intérieur de tout ce que nous utilisons pour se définir. Nous ne sommes pas notre corps, nos émotions, nos pensées, nos amis, nos parents, notre profession, nos intérêts et nos passions mais ne nous sommes pas non plus nos souvenirs, nos mémoires ni nos désintérêts. L’être intérieur qui nous habite se situe à la jonction de tous ces points de convergence. Il ne peut être associé à aucun d’entre eux directement, mais une partie réside dans chacun d’eux.

 

Grâce à de puissants outils comme la méditation, la psychanalyse ou la philosophie, il est possible d’apprendre à devenir conscience neutre, à devenir observateur. C’est en observant ces dit points de convergence qu’il sera possible de commencer à apprivoiser tous les aspects qui constituent le soi. Ces aspects, souvent inconscients, lorsque mis en lumière, nous permettent de réaliser que chaque individu est amené à jouer une pluralité de rôles dans sa vie, autant pour soi que pour les autres. Aucun être conscient n’est statique, iel est plutôt appelé à incarner plusieurs archétypes afin de mettre en acte les différents mandats que la vie apporte. Une professeure n’est pas seulement professeure, elle est aussi, entre autres, une fille, une mère peut-être, une amie pour certains et une ennemie mortelle pour d’autres. Ces rôles évolueront au fil de notre existence et certains seront amenés à disparaître. La connaissance de soi, c’est aussi d’accepter que celle-ci est sans limites et que chaque être nous rencontrant nous percevra selon son cadre de référence unique. Personne ne peut nous connaitre de la même façon que nous nous percevons nous-même.

 

Les autres sont comme des miroirs. Nous percevons en eux ce que nous aimons et ce qui nous déplait chez nous-même. Parfois nous percevons chez quelqu’un ce que l’on aimerait développer en nous-même, et nous idolâtrons ces personnes. Parfois nous sommes repoussés par le comportement prétentieux d’un individu, avant de réaliser que ce sont nos propres comportements et pensées que cet individu reflète. Dans une relation se vivant en pleine conscience, nous choisissons de faire face au miroir dans toute sa laideur comme dans toute sa beauté. Parfois, la relation vient à un terme où nous ne reconnaissons plus le reflet dans le miroir, ou pire, son propre reflet. Vient alors un point où se recentrer sur soi devient crucial et il faut réaliser ceci, nous ne pouvons apprendre à connaître quelqu’un seulement aussi profondément que l’on se connait soi-même.

DE GAUCHE À DROITE SUR LA PHOTO :

Émilie Lefrançois (directrice adjointe à l’organisation scolaire), Samuel Racette (3e prix), Lanka Hamelin (2e prix), Marie-Pierre Dufresne (1er prix), Naïma Hamrouni (professeure titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éthique féministe), Mylène Carpentier (directrice générale de la fondation du Cégep de Trois-Rivières).