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Patrice Létourneau est enseignant en philosophie au Cégep de Trois-Rivières depuis 2005. Outre son enseignement, il a aussi été en charge de la coordination du Département de Philosophie pendant 8 ans, de juin 2009 à juin 2017. Il est par ailleurs l'auteur d'un essai sur le langage, le sens et l'interprétation (Éditions Nota bene, 2005), ainsi que d'autres publications avec des éditeurs reconnus. Il collabore à PhiloTR depuis 2005. (Article sur PhiloTR | Site personnel)

EXEMPLE de PARAGRAPHE d’INTRO (Philo 2 : Être humain)

Exemple de libellé de question : Comparez les conceptions de l’être humain de Rousseau et de Sartre au sujet des relations avec autrui.

 

Exemple de paragraphe d’intro avec ce libellé de question :

«De combien est ta cote R ?», «Qu’est-ce qu’il fait dans la vie ?», «Qu’est-ce qui te fait croire que tu es assez bien pour elle ?», «Tu ne peux pas entrer ici, t’as pas de cravate !», «Tu n’as pas ta place ici, t’as une cravate !», «Qu’est-ce que les voisins vont penser ?»…  N’a-t-on pas déjà entendu des choses dans ce genre ?  Et toutes ces fois où tout ce qu’on veut savoir, ce n’est pas «si cela a de la valeur en soi», mais «si ça paye».  Est-ce que nos conclusions ne sont pas parfois un peu trop vite faites?  Rousseau avait une position claire sur l’attention qu’on porte au «paraître» : le souci pour le «paraître», c’est ce qui vient corrompre la nature humaine.  Il faut dire que son jugement à propos de la société et du «paraître» était d’autant plus tranché qu’il considérait qu’à l’origine, l’être humain était naturellement bon…  Mais c’est là un jugement d’interprétation (de valeur).  Peut-être qu’il n’est ni fondamentalement bon, ni fondamentalement mauvais, mais qu’il est un amalgame des deux, tissé par ses actions.  C’est un peu ce qu’on retrouve dans l’existentialisme de Sartre.  «L’enfer, c’est les autres», et réciproquement nous sommes un enfer pour les autres.  Ici, il n’y a plus de distinction claire entre «être» et «paraître» : les jugements sur les autres comme sur nous-mêmes sont toujours déformés et déformants – et puis, «qui» l’on «est» se trouve à être en perpétuelle redéfinition.  De là le caractère en partie aliénant des autres, de là l’origine de la culpabilité humaine.  Mais les autres ne sont pas qu’un enfer : Sartre affirme aussi que la joie profonde de l’amour vient du fait qu’on se sent alors justifié d’exister.  Comme si le fait d’être aimé donnait plus de sens à notre vie, comme si le fait de compter pour d’autres et de sentir qu’on fait une différence pour eux donnait un surplus de sens à notre vie.  Pas évident à départager, tout ça.  D’ailleurs, les choses ne sont peut-être jamais tout à fait tranchées.  Ça me fait penser à ces mots de Paul Valéry que j’ai lu récemment : «Il y a, dans les relations qui se font intimes entre gens délicats, ce mélange extraordinaire de la crainte de n’être pas compris avec la terreur d’être compris.»  Ça n’éveille rien en vous ? C’est étrange comment les vies peuvent parfois sembler radicalement uniques et différentes, et parfois tellement similaires dans leur expérimentation de la condition humaine.  D’où, peut-être, le sens qu’il peut y avoir à s’interroger ici sur l’être humain, car on ne peut se figurer les relations humaines sans impliquer, consciemment ou non, une certaine conception de l’être humain.  Regardons donc d’un peu plus près cette question des relations avec les autres, en comparant ici les conceptions de Rousseau et de Sartre.

(Exemple de paragraphe d’intro en Conceptions de l’Être humain)