Vient de paraître le volume 16-1 Automne-Hiver 2013-2014 de la revue Argument. Politique, société, histoire qui porte sur l’éducation des sentiments.
Voici un extrait de l’éditorial de ce numéro :
«Nous vivons dans un monde de plus en plus tiraillé entre deux pôles : d’une part, celui, cognitiviste, de la connaissance, de la pure intelligence, ce à quoi les institutions d’enseignement et l’industrie se consacrent en laissant tomber les restes inutiles, et d’autre part, celui de l’émotion, de la sensation brute, chatoyante ou hurlante, dont les médias, les arts scéniques, de même que la cybersphère apparaissent comme le déversoir de tout instant. Bref, entre la cognition exclusive, qu’elle soit mathématique ou langagière, et la subjectivité primaire, consommatrice et impulsive, il ne semble plus s’interposer ce que l’on appelait autrefois l’univers des sentiments, comme si entre l’intelligence rationnelle et le sensible il n’y avait plus de pont.
Pourtant, il fut un temps où les sentiments et le caractère faisaient l’objet d’une véritable éducation, qui passait par la littérature, la philosophie, les arts, et même les disciplines sportives. L’Occident doit une partie de sa richesse à cette civilisation des mœurs, qui investit le cœur, humanise les pulsions humaines et nourrit une palette de sentiments qu’il appartenait à l’homme et à la femme sensibles et raisonnables de reconnaître, de cultiver ou d’éloigner de soi.
[…]
Nous espérons que cette galerie de rencontres avec des œuvres qui surent, selon nos essayistes, rendre toutes les couleurs d’un sentiment, convaincra le public du bien-fondé d’une éducation qui ne se borne pas à la cognition et à l’activité physique, car entre les deux existe, bien que l’école d’aujourd’hui l’ignore au point de le condamner à la sécheresse, ce qu’on appelait jadis le cœur.»
On peut lire cet éditorial en entier à cet endroit.