[NDLR : nous publions ici le texte d’Anthony Gagnon, étudiant lauréat du 2e prix de 100$ à l’édition 2018 du Concours d’écriture sur la présentation de femmes philosophes.]
Par Anthony Gagnon
au Concours d’écriture sur la présentation de femmes philosophes)
Dans le cadre de cette réflexion, mon choix s’est posé sur une citation de Mme Claude Habib: « Connaître quelqu’un à fond est une illusion. À la différence d’une poche, les êtres humains n’ont pas de fond.» (Le goût de la vie commune, p.35). Cette citation m’a paru très intéressante, notamment lorsque l’on met celle-ci dans le contexte de nos vies modernes. Je suis d’accord avec le point de vue de Mme Habib, il est impossible de connaître quelqu’un de manière pratiquement parfaite malgré le fait que nous ayons souvent tendance à penser le contraire. En fait, surtout à notre âge, nous ne savons même pas qui nous sommes réellement, alors comment peut-on avoir la prétention de connaître quelqu’un d’autre intensément? Nous n’avons aucune idée de ce que nous voulons être dans le futur, ni n’avons la certitude de ce qui peut réellement nous rendre heureux. Si le bonheur peut être considéré comme le but de notre existence, alors pour l’atteindre il faut d’abord se connaître profondément. Or, cela prend des années avant de se connaître soi-même suffisamment pour déterminer ce qui nous rend heureux, car en reprenant les paroles de Mme Habib « … les êtres humains n’ont pas de fond.». Ce qui prouve ce propos est que parfois, la vie nous confronte à des situations dans lesquelles les actes que nous posons vont à l’encontre de nos valeurs et de notre morale, que nous croyons inébranlables. Il se peut aussi que l’on soit forcé de faire des choix qui nous amènent à réagir d’une façon dont beaucoup diront qu’ils ne se seraient jamais cru capable. Pour bien se connaître, il faudrait constamment se mettre dans des situations impossibles pour pouvoir déterminer ce qui nous définit réellement. Cependant, la vie n’est pas comme cela et par conséquent cela prend plus de temps avant d’avoir une connaissance plus approfondie de sa personne. Ce temps que l’on met à se connaitre plus en profondeur, on ne peut le mettre à connaître les autres, sinon connaître quelqu’un plus que soi-même mènerait éventuellement à une crise d’identité. En contrepartie, l’avènement des réseaux sociaux et de la communication de l’information à haute vitesse sont des facteurs qui nous font croire à tort que nous pouvons tout savoir sur tout en un clic. Toutes les informations stockées dans des bases de données, des sites internet ou des magazines, disponibles à la vue de tous sur des gens populaires ou non accentuent l’illusion. Nous croyons à tort que l’essence ou la biographie d’un individu se trouve écrit à quelque part et que de consulter cet écrit nous donne une parfaite connaissance de cette personne sans même lui adresser la parole. Évidemment, tout cela n’est que superficiel, mais cela contribue à alimenter l’illusion. En réalité, de nos jours, c’est de plus en plus dur de se connaître car tout le monde ne veut qu’exposer ses qualités et masquer au maximum ses défauts. Ce refus d’accepter ces défauts nous empêche d’aller plus loin dans l’introspection et nous empêche d’accepter qui nous sommes et de ce fait, d’atteindre une plus grande connaissance personnelle. C’est pourquoi il est alors impossible de connaître quelqu’un d’autre de manière approfondie.
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Étudiant au Cégep de Trois-Rivières, récipiendaire du Prix 2018 au Concours d’écriture sur les Femmes Philosophes (Prix 2018).