Bernard Stiegler, «Ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. De la pharmacologie», Flammarion, 2010.
Extrait du compte-rendu d’actu-philosophia :
«L’ouvrage de Bernard Stiegler est d’abord le diagnostic d’une crise dont la première manifestation est une perte du sentiment d’exister.
D’entrée de jeu, Stiegler s’inscrit dans la lignée de quatre textes dont il pointe les convergences et souligne les orientations spécifiques. Paul Valéry, dans «La crise de l’esprit» en 1919 et «La liberté de l’esprit» en 1939, évoque le malaise nourri par la première guerre mondiale et renforcé par l’approche de la seconde : la guerre n’est pas née contre l’esprit mais en son propre sein, science et technologie, principe et idéaux en ont été les aliments et «Tant d’horreurs n’auraient pas été possibles sans tant de vertus». Dans La Krisis, Husserl évoque à son tour une extinction des lumières qu’il impute au clivage grandissant des sciences positives et des questions de sens : Husserl, on le sait, voit dans ce gouffre un effet –des succès de la science galiléenne et fait de la phénoménologie la discipline capable de réconcilier les questions de sens et les questions de fait pour réinscrire les sciences au sein du monde de la vie. Moins optimiste, Freud, dans Malaise dans la civilisation, analyse l’aspect dual du progrès technique : «(…) la technique vient sans cesse compenser un défaut d’être (…) en provoquant chaque fois un nouveau défaut – toujours plus grand.» […]»
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Présentation de l’éditeur :
«Qu’on l’admette ou qu’on le dénie, chacun sent bien qu’à présent l’avenir de la vie terrestre se trouve mis en jeu dans une urgence inouïe. Et chacun sait que, depuis la séquence historique qui s’est engagée en 2007 et qui paraît avoir déclenché ce qu’on appellerait en physique nucléaire une réaction en chaîne, chaque pas compte et semble se surcharger systémiquement de conséquences très difficilement réversibles – sinon absolument irréversibles. Cette crise est sans précédent d’abord en cela. Si krisis signifie bien et d’abord décision, elle est critique comme jamais : elle révèle que le destin humain – qui est un destin inéluctablement technique et technologique – est pharmacologique au sens où, en grec, le pharmakon est à la fois le remède et le poison. Le pharmakon est à la fois ce qui permet de prendre soin et ce dont il faut prendre soin – au sens où il faut y faire attention: c’est une puissance curative dans la mesure et la démesure où c’est une puissance destructrice. Tel est aussi le feu dans la mythologie grecque. Devenu technologie industrielle, le pharmakon est de nos jours hégémoniquement contrôlé par l’économie, c’est-à-dire par le marketing, et c’est une calamité. Cet état de fait, qui a installé une économie de l’incurie génératrice d’une bêtise systémique, signifie que la question du soin – que l’on appelle aussi le care – est une affaire d’économie politique, et non seulement d’éthique.»
Biographie de l’auteur :
«Bernard Stiegler, philosophe, est notamment l’auteur de La Technique et le temps, Mécréance et discrédit, De la misère symbolique, et Prendre soin. Il est co-fondateur d’Ars Industrialis, Association internationale pour une politique industrielle des technologies de l’esprit (www.arsindustrialis.org).»
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Auteur : Bernard Stiegler
Titre : Ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. De la pharmacologie
Éditeur : Flammarion
Collection : La bibliothèque des savoirs
Date de parution : 6 octobre 2010
Pages : 262 pages
ISBN-10 : 9782081220355
ISBN-13 : 978-2081220355
ASIN : 2081220350