Rock'n Philo
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Patrice Létourneau est enseignant en philosophie au Cégep de Trois-Rivières depuis 2005. Outre son enseignement, il a aussi été en charge de la coordination du Département de Philosophie pendant 8 ans, de juin 2009 à juin 2017. Il est par ailleurs l'auteur d'un essai sur le langage, le sens et l'interprétation (Éditions Nota bene, 2005), ainsi que d'autres publications avec des éditeurs reconnus. Il collabore à PhiloTR depuis 2005. (Article sur PhiloTR | Site personnel)

Ce que l’on appelait autrefois «l’honnête Homme» ne douterait pas que la poésie soit un art à part entière.  Mais en est-il autant pour la musique qui s’adresse à un plus large public ?  Qui, à l’écoute d’une chanson de Jacques Brel, n’a pas déjà eu l’impression que se condensait en quatre minutes ce qui autrement s’expliquerait en une cinquantaine de feuillets ?

Jusqu’à quel point peut-on faire des liens entre des conceptions philosophiques et la musique accessible à un large public, et en particulier la musique que nos étudiants sont susceptibles d’avoir déjà écoutée?

C’est cette question que creuse Francis Métivier, avec «Rock’n philo» qui vient de paraître aux éditions Bréal.  Sa thèse ne consiste pas à laisser entendre que les groupes de rock sont des philosophes, mais plus simplement que, parce qu’un bon nombre de chansons rock s’attachent à donner à voir des perspectives sur la vie, ces chansons recèlent bien souvent, implicitement, des conceptions philosophiques.

En partant de ce filon, Francis Métivier (professeur depuis 25 ans au Lycée et titulaire d’un doctorat de philosophie de La Sorbonne) creuse les liens entre, par exemple, «Ironic» d’Alanis Morissette et le concept d’ironie chez Kierkegaard, «Cargo de nuit» d’Axel Bauer et «l’exploitation de l’homme par l’homme» chez Marx, l’anarchisme chez Stirner et «God save the Queen» des Sex Pistols, la chanson «Francis» de Coeur de pirate et le langage chez Wittgenstein, «The End» des Doors et le mythe d’Œdipe, «Rock is dead» de Marilyn Manson et le concept de catharsis chez Aristote, les Beatles et Rousseau, Bob Dylan et Hobbes, Led Zepplin et Pyrrhon, Pink Floyd et Merleau-Ponty, ainsi que tant d’autres.

Au total, une quarantaine de titres analysés en un peu plus de 400 pages.

La philosophie peut aider à «réapprendre à voir le monde» sous un nouveau jour, dit-on – ici, il semble bien qu’elle peut aussi aider à réapprendre à écouter ce que l’on entendait sans y être forcément à l’écoute.

À écouter aussi : une entrevue avec l’auteur à la Première chaîne de Radio-Canada, avec Katerine Verebely et Michel Desautels (à partir de 35:10).