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Pierre Lemay a enseigné la philosophie au Cégep de Trois-Rivières de 1977 à 2014, année de sa retraite. Il a été adjoint au coordonnateur du Département de Philosophie du Cégep de Trois-Rivières en 1980-81. Il est membre-fondateur de la Société de Philosophie du Québec (SPQ) en 1974. Il fut également archiviste-adjoint de la SPQ en 1981 et 1982 et membre du Comité de rédaction du Bulletin de la SPQ de 1981 à 1984. Il est aussi membre-fondateur de la Société de Philosophie des régions au coeur du Québec en 2017. De plus, il est membre de l`Institut d`histoire de l`Amérique française depuis 1993 et membre de la Corporation du Salon du livre de Trois-Rivières depuis 2015. Il collabore à PhiloTR depuis sa création en 2004.

L’année 2014 marque le 100e anniversaire de l’assassinat de Jean Jaurès. En effet, c’est le 31 juillet 1914 qu’est assassiné le philosophe et homme politique français Jean Jaurès par le nationaliste Raoul Villain, au Café du Croissant, à Paris. L’événement se produit trois jours avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, qu’il a tout fait pour empêcher.

 

Jaurès et le socialisme

 

Il incarne véritablement le socialisme français du début du XXe siècle, donnant voix à un projet de démocratie socialiste, internationaliste et pacifiste. Orateur brillant, il devient à la Chambre des députés, l`avocat de la classe ouvrière et de la paix, ce qui lui vaut de fortes inimitiés. Il réussit à fusionner les groupes socialistes et lors du congrès de Paris, il participe à la création de la S.F.I.O. (Section française de l`Internationale ouvrière). Journaliste de talent, orateur lyrique, il fut aussi un remarquable historien de la Révolution. Inspiré d`un ardent idéalisme, optimiste, il croit au triomphe final de la justice, de la paix éternelle; il aime les hommes et leur fait confiance.

 

Il découvre le socialisme sous l`influence de l`intellectuel français et pionnier du socialisme Lucien Herr (1864-1926), agrégé de philosophie (1886) et bibliothécaire de l`École normale supérieure (ENS); c`est ce dernier qui donne à Jaurès le titre de son journal : L`Humanité. C`est aussi ce dernier qui entraîne Jaurès en lui montrant que le socialisme est l’aboutissement logique de ses convictions républicaines. Il subit également l`influence de l`homme politique socialiste français Jules Guesde (1845-1922), alors leader marxiste du parti ouvrier français (POF) qu`il fonde avec Paul Lafargue en 1879 au Congrès du Parti des travailleurs socialistes, à Marseille.

 

Tribun et penseur politique, Jaurès domine le mouvement socialiste français au début du XXe siècle. Bien que s`appuyant sur le marxisme (du moins sur la partie critique de cette doctrine), il ne fut jamais un marxiste orthodoxe. En effet, il refuse la dictature du prolétariat, la réalisation du collectivisme par un étatisme bureaucratique ainsi que l`antipatriotisme systématique. Il veut plutôt concilier le socialisme avec les idéaux du libéralisme politique, de la démocratie et de la raison. Selon lui, la justification essentielle du socialisme consiste à permettre le libre et plein épanouissement de la personne humaine, plus encore de donner tout son sens à la « Déclaration des droits de l`homme ». Il présume possible d`assurer l`avènement de la société sans classe par un effort pacifique et sans sortir du cadre démocratique. Pour lui, le moteur de l`histoire réside dans la divergence entre les sentiments humanistes de l`homme et leur négation dans les rapports économiques. Ce sont ces mêmes idées qu`il développe dans ses articles publiés dans La Dépêche de Toulouse, La Petite République, et plus tard dans L`Humanité.

 

Sa conception humaniste du socialisme séduit des écrivains français et des hommes aussi différents que Romain Rolland (1866-1944), Charles Péguy (1873-1914), Anatole France (1844-1924) ou encore le poète belge d`expression française Émile Verhaeren (1855-1916), qui se rallie à un socialisme fraternel.

 

Repères biographiques

 

Il naît le 3 septembre 1859, à Castres (Tarn). Il est le premier fils de Jules Jaurès, négociant et d`Adélaïde Barbaza. Son père, après avoir essayé divers métiers, exploite la Fédial, un petit domaine de 6 hectares situé dans la partie rurale du vaste territoire occupé par la ville de Castres. C`est à cet endroit, de 1862 à 1876, que Jean Jaurès vit son enfance et son adolescence En 1914, son frère Louis devient le troisième amiral de la famille. Il est issu d`une famille catholique appartenant à la petite bourgeoise provinciale urbaine et comptant plusieurs officiers de haut rang, soit deux amiraux, deux cousins germains de Jaurès : l`amiral Charles Jaurès (1808-1870) qui fait partie, en 1856, de la Commission internationale pour le percement de l`isthme de Suez et l`amiral Benjamin Jaurès (1823-1889), frère du précédent et ministre de la Marine en 1889.

 

Il effectue de brillantes études au Collège de Castres, puis à Paris, au Collège Sainte-Barbe et au Lycée Louis-le-Grand. Le 19 mai 1876, il prononce son premier discours public devant le préfet du Tarn. Il obtient une bourse pour préparer, à Paris, l`École normale supérieure (ENS). En 1878, il est reçu premier à l`ENS, rue d`Ulm, à Paris. La même année, le philosophe français Henri Bergson (1859-1941), fait partie de la même promotion; d`ailleurs, Jaurès est en compétition intellectuelle permanente avec ce dernier. En 1881, il est reçu troisième à l`agrégation de philosophie, derrière Paul Lesbazailles et Henri Bergson. De 1881 à 1883, il est professeur de philosophie au Lycée La Pérouse, d`Albi (Midi-Pyrénées). En 1882, il commence à préparer une thèse de doctorat qu`il soutient en Sorbonne en 1892; en mai de la même année, son père, Jules Jaurès, meurt à l`âge de 63 ans. De 1883 à 1885, il est maître de conférences à la Faculté des lettres de l`Université de Toulouse. En même temps, il se lance dans la politique. En avril 1884, il prononce une conférence pour l`Alliance française. Partisan convaincu de la « mission civilisatrice » de la France, il soutient la politique coloniale de Jules Ferry (1832-1893).

 

Le 28 juin 1885, il prononce à Carmaux son premier discours politique intitulé « La République et les ouvriers ». Le 4 octobre 1885, il est élu député modéré du département de Tarn (50.9 % des suffrages) et siège « au centre gauche »; il le sera jusqu`en 1889. Il est alors proche des positions politiques de l`homme politique français Jules Ferry (1832-1893) : laïcité, libertés de réunion, de presse, liberté syndicale, alors président du Conseil des ministres. C`est une période au cours de laquelle il se consacre à l`étude des questions ouvrières et évolue vers le socialisme.

 

Le 29 juin 1886, à Albi, il épouse Louise Bois (1867-1931) fille unique de négociants albigeois. Ils s`installent à Paris, avenue de La Motte-Picquet (7e et 15e arrondissements de Paris). Le 21 janvier 1887, il publie son premier article dans La Dépêche de Toulouse. Il y collabore jusqu`en 1914, après y avoir publié plus de 1000 articles. Le 19 septembre 1889, Madeleine Jaurès, premier enfant du couple Jaurès-Bois, naît à Paris.

 

Le 22 septembre 1889, le scrutin uninominal est rétabli (pour combattre le boulangisme : courant politique nationaliste et antiparlementaire qui réunit une coalition hétéroclite de mécontents, hostiles à la République) et il est battu aux élections législatives (47.8 % des suffrages), après un premier passage à l`Assemblée nationale française (Palais-Bourbon). Suite au déclin du boulangisme, il croit qu`il est nécessaire que la république reprenne sa marche vers la démocratie. En ce sens, le 29 septembre 1889, il écrit dans La Dépêche de Toulouse qu`« Il n`y a que les gouvernements de liberté politique qui puissent aboutir à la justice sociale ». À ce moment, il retrouve son poste à Toulouse et revient à l`enseignement. Il s`intéresse activement à la politique locale et nationale. Durant la même période, il se met à lire les grands textes socialistes du XIXe siècle. Le 27 juillet 1890, il est élu conseiller municipal de Toulouse à une élection partielle. Puis, maire-adjoint chargé de l`Instruction publique jusqu`en 1893; il cherche alors à développer une université régionale, faisant construire de nouveaux locaux et animant avec succès la vie culturelle et intellectuelle de la ville. En février de la même année, dans les articles qu`il donne à La Dépêche de Toulouse, il cite le philosophe et économiste socialiste allemand Karl Marx (1818-1883) favorablement pour la première fois. En 1891, il publie un texte dans la presse, La Question religieuse et le socialisme (Éd. de Minuit, « Bibliothèque internationale de sociologie de la coopération, XI », 1959). Le 1er mai 1891 se déroule un événement « La fusillade de Fourmies », vieille cité industrielle du Nord de la France. Ce jour-là, l`armée met fin dans le sang à une manifestation pacifique d’ouvriers clamant : « C’est les huit heures qu’il nous faut ! ». Le bilan est de 9 morts dont 2 enfants et de 35 blessés. Cet événement fournit un écho national aux socialistes. Jaurès prononce un discours peu de temps après la fusillade. En 1891 toujours, il se passionne pour le christianisme social de l`homme politique français Albert de Mun (1841-1914), fondateur des Cercles catholiques d`ouvriers (1871) et l`un des promoteurs de la législation en faveur des travailleurs (1892).

 

En février 1892, il achève ses deux thèses de doctorat, où s`affirme la puissante emprise de la pensée allemande sur lui. D`abord, une thèse principale, rédigée en français : De la réalité du monde sensible, qui est une critique de l`idéalisme kantien, référence principale de la philosophie universitaire de son époque, puis une thèse complémentaire sur Les Origines du socialisme allemand chez Luther, Kant, Fichte et Hegel, à l`Université de Toulouse. Cette seconde thèse en latin (comme c`est la règle) l`amène à méditer les idées de plusieurs théoriciens socialistes. Par conséquent, ces deux mêmes thèses dévoilent un esprit qui reste jusqu`au bout profondément religieux, un optimiste qui refuse le mal et la violence. En août, il soutient la grève des mineurs de Carmaux, dans La Dépêche de Toulouse, ce qui le décide à entrer dans la politique. Ce conflit dure trois mois et met aux prises 1500 soldats et 3000 ouvriers).

 

« Je ne demande qu`une chose, c`est de rester digne de vous ».

– Jean Jaurès, La Dépêche de Toulouse, 1892.

 

Le 8 janvier 1893, lors d`une élection législative partielle, il est élu (52.1 % des suffrages). Le 22 janvier 1893, il revient au Parlement comme député socialiste de Carmaux (Tarn), devenant le chef parlementaire des 50 élus socialistes au Parlement. Socialiste indépendant, il prend position en faveur de la révision du procès Dreyfus et soutient les ministères du Bloc républicain, Waldeck-Rousseau (1846-1904), puis Émile Combès (1835-1921). En 1893, Jaurès remporte l`élection sur son rival, Jérôme-Ludovic-Marie de Solages (1862-1927), industriel et un homme politique français et propriétaire de la Compagnie des Mines et de la Verrerie de Carmaux. Cette année-là, 37 socialistes, de toutes tendances, entrent au Palais-Bourbon. Solages parvient à battre Jaurès lors des élections législatives de 1898. Solages prend ainsi sa revanche, mais il exerce dans le bureau de vote une telle pression sur ses ouvriers de Carmaux, que l`on rend obligatoire le passage par l`isoloir. Il échoue, face à Jaurès, en 1902 et 1906.

 

De 1893 à 1898, puis de 1902 jusqu`à sa mort, il est député socialiste de la circonscription ouvrière de Carmaux. Il voue alors sa vie à un triple combat : pour la République, pour la démocratie et pour le socialisme.

 

Le 12 décembre 1894, lors d`une conférence, il défend contre le socialiste français Paul Lafargue (1842-1911), qui épouse la fille (Laura) du philosophe et économiste socialiste allemand Karl Marx (1818-1883) une philosophie idéaliste de la vie : « L`humanité, dès son point de départ, a pour ainsi dire une idée obscure, un pressentiment premier de sa destinée, de son développement […] l`humanité porte en elle-même une idée préalable de la justice et du droit, et c`est cet idéal préconçu qu`elle poursuit, de forme de civilisation en forme supérieure de civilisation ». Fondateur, avec Jules Guesde, du Parti ouvrier français (1880), Lafargue, député de Lille (1885-1894) s`oppose à la participation socialiste au gouvernement bourgeois.

 

Au printemps 1895, il voyage en Algérie en compagnie de son ami René Viviani (1863-1925) alors député socialiste à la Chambre des députés. En août-octobre 1895, les verriers de Carmaux, en grève pour protester contre le licenciement de leur responsable syndical Baudot, le 31 juillet, prennent Jaurès comme conseiller. Le patron de la verrerie Eugène Rességuier procède alors à un licenciement général de 1200 ouvriers. À ce moment, Jaurès leur recommande de fonder une verrerie ouvrière, coopérative de production financée par souscription et appartenant à l`ensemble du prolétariat. Le 25 octobre 1896, la Verrerie est inaugurée à Albi.

 

Le 17 mai 1896, dans un article prémonitoire intitulé « Les Compétitions coloniales » et publié dans le journal républicain La Petite République (1876), il avertit que « des complications et des compétitions coloniales, peuvent à tout moment surgir de grandes guerres ». C`est dans ce même journal qu`il entreprend également une vigoureuse campagne en faveur de l`officier français juif Alfred Dreyfus (1859-1935), accusé, sur simple ressemblance d`écriture, d`avoir livré à l`attaché militaire allemand à Paris, le major Maximilien von Schwartzkoppen (1850-1917), des renseignements militaires. Son article s`intitule « Les preuves relatives à l’Affaire Dreyfus à la fin du XIXe siècle ». Du 28 juillet au 2 août 1896, il participe pour la première fois au Congrès de la IIe Internationale socialiste, à Londres. À l`automne 1896, la famille Jaurès s`installe à Paris, rue Madame (6e arrondissement). Le 3 novembre 1896, à la Chambre, il prononce un discours contre les massacres des Arméniens (1894-1896), dans l`Empire Ottoman, décidés par le sultan Abdülhamid II (1842-1918).

 

Le 8 mai 1898, il est de nouveau battu (45 % des suffrages) aux élections législatives parce que dreyfusard. À l`été de la même année, il s`engage vigoureusement en faveur de la révision du procès du capitaine Alfred Dreyfus en publiant Les Preuves, une série d`articles publiés dans La Petite République du 10 août au 20 septembre. Jaurès voit d`abord en Dreyfus, un innocent injustement condamné. À ce titre, il incarne « l`humanité elle-même, au plus haut degré de misère et de désespoir qui se puisse imaginer ». Après les élections de 1898, Jaurès s’implique moins dans la Verrerie ouvrière d’Albi, pour se consacrer au journalisme et devenir codirecteur de La Petite République. En août, il publie une série d`articles sur l`affaire Dreyfus. Le 27 août 1898, Louis Jaurès, deuxième enfant du couple Jaurès-Bois, naît à Nontron (Dordogne), où le père de Louise Bois est alors sous-préfet.

 

En 1899, il publie un recueil d`articles et de discours, Action socialiste (Georges Bellais, éditeur; Hachette Libre BNF, « Sciences sociales », 2012). Du 7 au 9 septembre de la même année, a lieu le deuxième procès de Dreyfus, où Jaurès est présent en compagnie de Viviani. Ces derniers attendent la reconnaissance de sa pleine innocence. Toutefois, l`essentiel des dirigeants socialistes ont au contraire préféré rester étrangers au combat pour un « bourgeois ». Du 3 au 8 décembre, le premier congrès des organisations socialistes françaises se tient à Paris, salle du Gymnase Japy (11e arrondissement), boulevard Voltaire.

 

En 1900, il défend le marxisme contre le révisionnisme de l`écrivain et homme politique allemand d`Édouard Bernstein (1850-1932) également un des exécuteurs testamentaires du théoricien socialiste allemand Friedrich Engels (1820-1895). Or, Bernstein remet en cause les analyses de Marx sur l`évolution du capitalisme. Il pense que ce dernier s`est trompé en ce qui concerne l`amélioration de la condition ouvrière. Pour Bernstein, il faut donc renoncer à la révolution et construire le socialisme dans la démocratie. En France, Jaurès est souvent considéré comme un allié de Bernstein. Toutefois, si Jaurès défend bien une stratégie de réformes, il reste néanmoins fidèle, sans adhérer à sa philosophie, à la théorie économique de Marx. D`abord marxiste orthodoxe, ce dernier s`oriente rapidement vers un socialisme réformiste, soucieux d`adapter le marxisme aux formes nouvelles du capitalisme allemand de la fin du XIXe siècle. Il prévoit une transformation graduelle et sans heurt de la société capitaliste en société socialiste. Ses thèses réformistes s`imposent dans la politique du parti social-démocrate allemand. Le 26 novembre, devant 8000 militants réunis à l`hippodrome de Lille, Jaurès affronte Jules Guesde, au cours d`un débat contradictoire sur les « Deux Méthodes » du socialisme. Guesde, marxiste résolu, reproche à Jaurès d`avoir soutenu l`entrée d`un socialiste dans un gouvernement bourgeois, celui de la Défense républicaine présidée par Waldeck-Rousseau. Partisan d`une ligne révolutionnaire et d`une lutte de classes sans concession, Guesde se heurte à Jaurès qui veut inscrire le socialisme dans la République et dans la fidélité aux Droits de l`Homme.

 

En 1901, il est l`un des fondateurs du Parti socialiste français, face aux socialistes guesdistes. Le 7 juillet de la même année, sa fille Madeleine fait sa communion solennelle; un scandale pour beaucoup de socialistes.

 

De 1901 à 1908, on publie sous sa direction un ouvrage Histoire socialiste de la révolution française, 1789-1900 (Édition revue et annotée par Albert Soboul. Préface par Ernest Labrousse, Éditions sociales, 1968; 4 vol., Éd. sociales, « Les Essentielles », 2014). Il en écrit six des douze volumes, soit les volumes relatifs à la Révolution. Elle est une des premières histoires de la Révolution qui traite de dimensions jusqu’alors presque inconnues : les mouvements populaires, l’histoire économique mais aussi l’histoire des mouvements révolutionnaires en Europe et les luttes anticoloniales.

 

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En 1902, il publie un recueil d`articles, Études socialistes (2 vol., I. 1888-1897; II. 1897-1901 [fac-sim.], textes rassemblés, présentés et annotés par Max Bonnafous, Toulouse, Éd. Histoire et politique, 1995). La même année, on assiste à l`avènement du « Bloc des gauches », coalition de radicaux, de modérés et de socialistes.

 

« Il ne peut y avoir révolution que là où il y a conscience ».

– Jean Jaurès, Études socialistes, 1901.

 

Le 4 mars 1902, c`est la création du Parti socialiste autour de Jaurès, avec les hommes politiques français Aristide Briand (1862-1932) et René Viviani (1863-1925). Le 27 avril 1902, il est réélu député (51.5% des suffrages) à Carmaux et retrouve le Palais-Bourbon, où il affirme de merveilleux talents d`orateur, en particulier dans des joutes avec Georges Clémenceau (1841-1929) alors sénateur et ardent polémiste. Après cette même élection, au moment où Étienne Alexandre Millerand (1859-1943) entre comme ministre du Commerce et de l`Industrie dans le cabinet de Pierre Waldeck-Rousseau (1846-1904), il lui donne son appui et lutte contre le parti ouvrier. Toutefois, par la suite, il cherche à réconcilier toutes les factions à tendances socialistes.

 

Le 13 janvier 1903, il est vice-président de la Chambre à l`époque du « Bloc des gauches » (1902-1905). Le 6-7 avril, il relance la révision de l`affaire Dreyfus devant la Chambre. Le 31 juillet, il prononce son Discours à la jeunesse, au Lycée d`Albi, lors d`une remise de prix. Son texte présente une leçon de vie édifiante mais également une invitation à la découverte de l`idée socialiste. Le 20 novembre, il demande une « pénétration pacifique » au Maroc. Le 23 décembre, il fait créer par la Chambre, la Commission d`histoire économique de la Révolution française, qui est supprimée en 2000.

 

« Le courage, c`est de chercher la vérité et de la dire; c`est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains, aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques ».

– Jean Jaurès, Discours à la jeunesse, 1903. (Textes choisis, de Gilles Candar)

 

En 1904, il est battu à la vice-présidence de la Chambre par le radical anti-combiste, Gaston Gerville-Réache (1854-1908), député de la Guadeloupe et ancien professeur de philosophie à Haïti. Le 18 avril 1904, soucieux de faire l`unité des forces ouvrières, il fonde et dirige jusqu`à sa mort, le journal L`Humanité, tiré à 130,000 exemplaires, qui lors de sa naissance ne représente qu’une partie du mouvement socialiste français. Le journal multiplie les dialogues, avec le mouvement syndical et les forces intellectuelles, pour stimuler un socialisme ouvert. Il y mène ses combats en faveur de la justice sociale. Il y fait aussi campagne pour la séparation des Églises et de l`État. Du 14 au 20 août 1904, au Congrès de l`Internationale socialiste d`Amsterdam (Hollande), sa politique est vivement combattue par Jules Guesde et les marxistes orthodoxes. Le Congrès condamne toute collaboration avec les partis bourgeois et fait obligation aux socialistes français de ne former qu`un seul parti. Jaurès s`incline alors avec discipline, mais d`autres refuseront, notamment, Briand, Millerand et Viviani. Néanmoins, grâce à son influence personnelle et à puissante éloquence, le « socialisme humaniste » fait de rapide progrès dans la nouvelle organisation, au détriment du guesdisme. À partir de ce moment, il se consacre surtout à la défense de la paix et, sans relâche, appelle le monde ouvrier à s`opposer à la guerre que prépare la course aux armements. En 1904, il publie Discours parlementaires.

 

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Jean Jaurès, fondateur de L`Humanité

 

Le 21 avril 1905, il prononce un grand discours sur l`article 4 de la loi de séparation des Églises et des États. Puis, en 1905, revenu dans le parti socialiste unifié, il dirige, avec Jules Guesde et Edouard Vaillant (1840-1915), le parti socialiste S.F.I.O. (Section française de l`Internationale ouvrière), créé le 23 avril 1905 au Congrès à la salle du Globe, boulevard de Strasbourg, à Paris, qui devient un parti d`opposition. Jaurès en sera le porte-parole à la Chambre des députés. En effet, son éloquence enflammée, lyrique, servie par une vaste culture et une voix puissante, lui vaut un grand prestige. Toutefois, sans adhérer à la totalité du marxisme, il en accepte les thèses principales (la lutte des classes, le rôle de la classe ouvrière, l`analyse de la formation du capital et la théorie de la valeur), admet le fait de l`opposition des classes et le rôle essentiel des facteurs économiques dans l`évolution humaine, mais sans toutefois rompre avec le passé jacobin de la gauche française. Il refuse aussi toute espèce d`économisme, qui réduit la vie de l`homme à son activité de producteur. À partir de là, il engage un long dialogue avec les idées de Karl Marx qu`il retient comme critique pertinente du capitalisme.

 

En 1906, à la Chambre, il s`oppose à Georges Clémenceau, nouveau président du Conseil, partisans de l`« ordre ». Clémenceau réprime alors les troubles sociaux (grève des mineurs du Pas-de-Calais) et rompt avec les socialistes. En août, L`Humanité est la première tribune pour la CGT (Confédération générale du travail, fondée en 1895).

 

En 1907, à la Chambre des députés, il soutient énergiquement les luttes du monde ouvrier, notamment lors grèves des postiers et des instituteurs (défense de l`enseignement laïque). Le 10 mai, il soulève une controverse avec le ministre de l`Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts, Aristide Briand au sujet du droit de grève. Du 11 au 14 août, au Congrès de la SFIO à Nancy, il impose la priorité à la lutte contre la guerre et appelle, dans ce but, à la grève ouvrière.

 

En 1908, il publie La Guerre franco-allemande 1870-1871. La même année, le philosophe et écrivain français Georges Sorel (1847-1922), partisan résolu de la violence prolétarienne au sein de la lutte des classes, publie Réflexions sur la violence (Éd. Marcel Rivière et Cie), ouvrage considéré comme le manifeste du syndicalisme révolutionnaire. Pour Sorel, la violence est inséparable de la pratique de la grève ouvrière. Elle s`identifie à la grève générale qui, sous la direction des syndicats, est, selon lui, la véritable forme de la révolution socialiste. Profondément hostile au socialisme parlementaire et à Jaurès, qu`il accuse d`être nourri d`idéologie bourgeoise et de rechercher des compromis avec le capital.

 

« Comme socialiste, je ne sépare pas l`affranchissement ouvrier de la culture humaine. L`avènement du socialisme sera l`accession de toute la classe ouvrière à la civilisation humaine la plus haute et l`accession de la civilisation humaine d`aujourd`hui à une forme infiniment supérieure pour une immense majorité de citoyens ».

– Jean Jaurès, Congrès SFIO de Toulouse, 1908.

 

Du 15 au 18 octobre 1908, au Congrès de la SFIO de Toulouse, à la tête du parti, il prononce un discours sur « l`évolution révolutionnaire ». Le 18 novembre, il prononce, à la Chambre, un discours contre la peine de mort, qui donne lieu à une mémorable joute oratoire avec l`écrivain nationaliste Maurice Barrès (1862-1923). Député boulangiste de Nancy (1889-1891), sous l`étiquette « socialiste révisionniste », ce dernier est un guide intellectuel du mouvement nationaliste. Soutenant les propositions pour un Code pénal moins brutal et répressif, Jaurès affirme que « La guillotine est le signal du désespoir volontaire, systématique et éternel […] la voie est barrée, l`espérance humaine ne passera pas».

 

Le 22 juin1909, sa fille Madeleine Jaurès se marie avec Marcel Delaporte, receveur de l`enregistrement.

 

Le 31 mars 1910, il vote la loi sur les retraites ouvrières et paysannes malgré les critiques de la (Confédération générale du travail (CGT) et de certains socialistes. En octobre, pendant la grève générale des cheminots, il se fait le champion du travailleur. Le 14 novembre, il dépose la proposition de loi sur « l`Armée nouvelle ».

 

En 1911, il publie L`Armée nouvelle (Éd. sociales, 1977, 425 p.), ouvrage dans lequel il définit les principes d`une défense nationale fondée sur l`institution de milices populaires. Il y médite aussi sur la folie du monde et affirme son espoir d`une défense uniquement pacifique.

 

« La vérité est que partout où il y a des patries, c`est-à-dire des groupes historiques ayant conscience de leur continuité et de leur unité, toute atteinte à la liberté et à l`intégrité de ces patries est un attentat contre la civilisation, une rechute en barbarie».

– Jean Jaurès, L`Armée nouvelle, Éd. Jules Rouff, 1911.

 

En juillet et octobre 1911, il effectue une tournée en Amérique latine où les socialistes l`ont invité. Il prononce une série de conférences en Argentine (4 semaines), au Brésil (4 semaines) et en Uruguay (1 semaine). À son retour en France, il rédige un article pour la Revue de l`enseignement primaire et primaire supérieur dans lequel il affirme que : « La réalisation de l`unité humaine ne sera féconde et grande que si les peuples et les races, tout en agrandissant et complétant leur culture propre par la culture des autres, maintiennent et avivent dans la vaste Internationale de l`humanité, l`autonomie de leur conscience historique et l`originalité de leur génie ».

 

Le 23 juin 1912, il prononce un discours à la Chambre dans lequel il s`oppose résolument à la Conquête du Maroc, sous protectorat français (1912-1925). Le 24 novembre, au Congrès de l`Internationale, à Bâle (Suisse), il prononce un discours dans lequel il déclare la « guerre à la guerre ». Curieusement, la séance publique a lieu dans la Cathédrale protestante de Bâle.

 

Le 25 mai 1913, il prononce un discours devant 150,000 personnes dans la commune française du Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis), en banlieue parisienne, contre le passage du service militaire de deux à trois ans.

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Discours de Jean Jaurès au Pré-Saint-Gervais

 

En juin, à la Chambre, il intervient pour tenter de convaincre ses pairs de refuser la loi portant le service militaire à trois ans. Le 19 juillet, la loi est adoptée par la Chambre.

 

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Discours de Jean Jaurès à la Chambre des députés 

 

 

Le 28 avril 1914, il est réélu député à Carmaux (58.4% des suffrages), la Chambre compte 102 élus SFIO. Le 28 juin, l`archiduc d`Autriche François-Ferdinand de Habsbourg (1863-1914) est assassiné à Sarajevo par un étudiant serbe de Bosnie Gavrilo Princip (1894-1918). Ce qui, par le système des alliances, est une des causes directes de la déclaration de la Première Guerre mondiale. Du 14 au 16 juillet, au Congrès socialiste de Paris, il fait adopter, la grève générale simultanée et organisée internationalement pour lutter contre la guerre et pour imposer l`arbitrage. Le 25 juillet, pour soutenir, à une élection partielle, le candidat socialiste Marius Moutet, il prononce un discours dans le quartier Vaise, à Lyon, sur les responsabilités internationales et dénoncer une fois de plus le danger de la guerre.

 

En 1914, à la veille de la Première Guerre mondiale, il donne son célèbre Discours sur la paix au Pré-Saint-Gervais sur la colline du Belvédère.

 

À l`été 1914, lors d`une grande assemblée socialiste tenue à Bruxelles (Belgique), aux côtés de la socialiste révolutionnaire allemande Rosa Luxemburg (1871-1919) qui est elle-même assassinée, le 15 janvier 1919 au cours de l`insurrection spartakiste, il s`attaque vigoureusement au militarisme et se déclare en faveur d`une grève internationale, qui est l`objet de violentes critiques, et aussi la cause immédiate de son assassinat.

 

À l`approche de la guerre, il lutte pour la paix entre les peuples, mais son action lui vaut l`incompréhension des milieux patriotiques et modérés et finalement cause sa perte.

 

Son combat pour la réconciliation franco-allemande et son hostilité au service militaire lui attirent la haine farouche des nationalistes tels Charles Maurras (1868-1952), écrivain et journaliste français, chef de file du mouvement royaliste L’Action française, Charles Péguy (1873-1914) , écrivain, poète et essayiste français et Georges Clemenceau[ (1841-1929)], homme d’État français, radical-socialiste, président du Conseil de 1906 à 1909, puis de 1917 à 1920.

 

Le 31 juillet 1914, à 21 h 40, un étudiant nationaliste fanatisé par les excitations de la presse d`extrême-droite, Raoul Villain (1885-1936), tire deux coups de revolver par la fenêtre ouverte du café du Croissant, (146 rue Montmartre à Paris, dans le 2e arrondissement) et abat Jaurès à bout portant. Il est le premier mort d`une guerre qui en compte 20 millions. Sa mort décapite le parti socialiste, qui se rallie à l`Union sacrée, mouvement de rapprochement politique qui a soudé les Français de toutes tendances (politiques ou religieuses) lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale.

 

Raoul Villain

Raoul Villain

 

À l’annonce de l’assassinat de Jaurès, le gouvernement, qui se réunit dans la nuit, craint des réactions violentes dans les grandes villes, et retient dans la capitale deux régiments de cuirassiers (soldats d`un régiment de grosse cavalerie) en instance de départ pour la frontière. Cependant, rapidement, les rapports des préfets et de la police qu’obtient le ministre de l’Intérieur Louis Malvy (1875-1949) lui font estimer que les organisations de gauche ne vont pas déclencher de troubles. Dans le même temps, la direction du Parti socialiste (SFIO) fait savoir qu’elle n’appellera pas à des manifestations. Finalement, le 1er août, les socialistes, par le biais du secrétaire général de la CGT, décident de soutenir la politique du gouvernement et de se préparer à la guerre.

 

Le 1er août 1914, l`écrivain et homme politique français Maurice Barrès (1862-1923), adversaire politique mais ami de Jaurès, est l`un des premiers à se recueillir, à Passy, devant la dépouille de Jaurès. Le même jour, le journal L`Humanité publie un hommage à son directeur. Le 2 août, la France est mobilisée. Le 3 août, la France reçoit la déclaration de guerre de l`Allemagne. Le 4 août, ses obsèques ont lieu à Paris; le même jour, Paul Deschanel (1855-1922), président de la Chambre des députés lui rend hommage. Le 6 août, son enterrement se tient à Albi (Tarn).

 

Jaurès-obsèques

Obsèques de Jean Jaurès

 

Encore aujourd`hui, son assassinat revêt un caractère symbolique, soit le triomphe des forces chauvines et bellicistes qui jettent l`Europe dans une tragédie qui dure quatre années.

 

Depuis son assassinat…

 

Le 17 juillet 1915, Léon Trotski (1879-1940), alors correspondant à Paris du quotidien démocrate ukrainien La Pensée de Kiev, rédige un long hommage à Jean Jaurès, qu`il reprend en 1917. Publié en russe, il est édité pour la première fois en français en 1923. En juin1916, la Société des amis de Jean Jaurès est fondée et présidée par le philosophe et ethnologue français Lucien Lévy-Bruhl (1857-1939), cousin par alliance d`Alfred Dreyfus. Le 8 juin 1918, le fils de Jaurès, Louis, meurt au combat, à Pernant (Aisne). Le 24 mars 1919, le procès de Raoul Villain, reporté à la fin de la guerre, s`ouvre devant la cour d’assises de la Seine, après 56 mois de détention préventive. Il se termine par un acquittement, par 11 voix contre 1 seule, le 29 mars 1919. Toutefois, Villain qui s`installe à l`étranger en 1932, est fusillé à Ibiza (île espagnole des Baléares), le 17 septembre 1936 par des républicains espagnols durant la guerre civile de 1936-1939.

 

En 1923, on inaugure la statue de Jean Jaurès, à Carmaux. Le 23 novembre 1924, ses cendres sont transférées solennellement au Panthéon, à Paris, sur décision du gouvernement radical. Le char pavoisé surmonté du cercueil est poussé par 70 ouvriers carmausins.

 

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Statue de Jean Jaurès , à Carmaux

 

En 1931, une entreprise de réédition des œuvres de Jaurès est lancée sous le patronage de l`homme politique français Max Bonnafous (1900-1975). Il est choisi comme le maître d’œuvre d’une grande édition des Œuvres de Jaurès qui paraît à partir de 1931 chez Rieder. Neuf volumes paraîtront avant la guerre sur la vingtaine prévue. En 1934, l`écrivain français Louis Aragon (1897-1982), quatre mois après avoir assisté au premier congrès de l`Union des écrivains soviétiques, à Moscou, publie un roman Les Cloches de Bâle (Denoël) où il fait une saisissante évocation du célèbre discours de Jaurès au congrès de l`Internationale socialiste contre la guerre à Bâle, le 24 novembre 1912. En 1937, l`Association pour le maintien du souvenir de Jean Jaurès est créée.

 

En 1954, le Centre national et Musée Jean Jaurès est créé, à Castres. En 1959, la Société d`études jaurésiennes est fondée par l`historien français Ernest Labrousse (1895-1988) qui en assume la présidence, de 1959 à 1982. Elle a pour mission de contribuer à faire connaître la vie, l’œuvre et la pensée de Jaurès, à saisir ses apports au socialisme, à la démocratie et à l’humanité, à comprendre son temps et le nôtre. Actuellement, c`est l`historien français Gilles Candar, président de la Société depuis 2005, qui est chargé de la coordination de la publication des Œuvres de Jean Jaurès en 17 volumes, chez Fayard. Le 20 juin, l`homme politique français Pierre Mendès France (1907-1982), lors de son hommage pour le centenaire de la naissance de Jaurès, souligne que l`essentiel des engagements de Jaurès est davantage dirigé vers la démocratisation de la république que mobilisé pour la victoire du socialisme.

 

En 1962, aux États-Unis, Harvey Goldberg publie la première biographie scientifique de Jaurès : The Life of Jean Jaures, a biography of the great French socialist and intellectual, Madison, The University of Wisconsin Press (590 p.); 2e éd., 1968. Il y rend compte du combat de Jaurès pour l`unité du socialisme français et international. L`ouvrage sera traduit en français huit ans plus tard.

 

Le 21 mai 1981, le jour de son investiture, en signe de filiation politique, le nouveau président français François Mitterrand (1916-1996) entame son septennat en allant se recueillir au Panthéon à Paris, sur la tombe de Jean Jaurès (Caveau XXVI) en déposant « la rose de l`héritage » à un républicain humaniste symbolisant « le socialisme des intellectuels ». En novembre 1988, le Musée Jean-Jaurès à Castres, promu centre national, est inauguré par François Mitterrand. Son discours de circonstance fait l`éloge de Jaurès, notamment pour ses convictions en matière d`éducation.

 

En 2010, à l`initiative du militant socialiste Jean-Luc Mélenchon, titulaire d`une licence de philosophie et fondateur du Parti de gauche (2009), un recueil des conférences que Jaurès donne en 1911 en Amérique latine est publié (Éd. Bruno Le prince, « Politique à gauche »). Le 23 avril 2014, le président français François Hollande est à Carmaux pour lancer les commémorations du centenaire de la mort du fondateur de la SFIO, Jean Jaurès. Ce jour là, Hollande y est sifflé, hué et chahuté.

 

Expositions consacrées à Jaurès

 

Ainsi, à l`occasion de l`« Année 2014 » pour le centenaire de la mort de Jean Jaurès, plusieurs manifestations culturelles et publiques voient le jour. En ce sens, mentionnons d`abord qu`une exposition sur « Jaurès » fut organisée du 5 mars au 2 juin 2014 aux Archives nationales, à Paris, présentant, avec de nombreux documents et des objets rares ou inédits, les étapes de la vie du tribun. Une exposition intitulée «  Jaurès contemporain, 1914-2014 » se déroule au Panthéon, à Paris, du 26 juin au 11 novembre 2014. Présentée par l’historien Vincent Duclert, elle revient sur l’histoire de Jaurès et sur son influence jusqu’à nos jours. Un cycle de conférences accompagne l’exposition. Une exposition intitulée « La figure tutélaire de Jaurès auprès des mineurs se tient aussi du 21 mai au 2 décembre 2014, au Musée-Mine départemental, à Cagnac-les-Mines (Tarn). Une exposition ayant pour titre « Jean Jaurès, de la pensée à la commémoration » a également lieu du 28 juin au 2 novembre 2014, au château-musée du Cayla, à Andillac (Tarn). Une exposition dont le titre est « Jaurès, du Tarn à l`Assemblée nationale » est présentée du 17 juin à octobre, 2014 aux Archives départementales du Tarn.