Le 31 mai 2016 est décédée la religieuse Ghislaine Roquet, c.s.c. à l`âge de 90 ans, au Pavillon Saint-Joseph (l’infirmerie des Sœurs de Sainte-Croix) situé dans l`arrondissement Saint-Laurent, à Montréal.
Femme de tête et de cœur, membre de la communauté des Sœurs de Sainte-Croix, elle siégea à la Commission Parent qui réforma le système d’éducation au Québec dans les années 1960. Elle apporta à la Commission une importante crédibilité à la fois comme religieuse et comme enseignante. À l`époque, elle fut de toutes les tribunes pour s’assurer de la mise en oeuvre des principales recommandations du Rapport Parent. De plus, sa carrière prestigieuse la mena même aux Nations unies et à l’UNESCO. Elle fut aussi reçue à la Compagnie des Cent-Associés francophones, fondée en 1979, pour rendre hommage à l’élite de la francophonie canadienne.
Repères biographiques
Née en 1926, elle est la fille aînée de feu Laurent Roquet et de feue Laurette Bélanger, parents d`une famille de sept enfants. Sr Roquet (en religion, Sr Marie-Laurent de Rome) détient une maîtrise en philosophie de l’Université Laval, une maîtrise en théologie de l’Université de Montréal et un doctorat en philosophie de la Sorbonne, à Paris.
En 1960, Ghislaine Roquet est titulaire d’une classe de Philo II au Collège Basile-Moreau, à Ville Saint-Laurent. Elle est également responsable du département des sciences humaines de ce même Collège. De 1961 à 1966, elle membre de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec. Cette commission, présidée par le vice-recteur de l’Université Laval, à Québec, Mgr Alphonse-Marie Parent (1906-1970), allait publier au terme de nombreuses audiences publiques un rapport – le Rapport Parent – qui proposera notamment la création d’un Ministère de l’Éducation au Québec et qui pavera la voie à la fondation des collèges d’enseignement général et professionnel, les cégeps. Mentionnons que Mgr Parent obtient son doctorat en philosophie à l`Université catholique de Louvain (Belgique) en 1929, De plus, il fonde avec le philosophe Charles de Koninck (1906-1965) la revue savante Laval théologique et philosophique en 1945.
En 1963, elle présente sa thèse de théologie « Espérance de l`Église et espoir selon Camus » à l`Institut supérieur de Sciences religieuses de l`Université de Montréal pour l`obtention du grade de Maître ès arts. En 1968, comme déléguée du Canada, elle siège à la Commission des droits de l’homme et du développement social, à l’Assemblée générale des Nations Unies, à New York. De 1968 à 1971, elle enseigne à la Faculté de philosophie de l’Université Laval.
En 1970, elle reçoit le titre de Compagnon de l’Ordre du Canada, le rang le plus élevé de cette distinction en reconnaissance pour « sa contribution à la réforme de l’éducation au Québec ». La même année, elle est déléguée à l’UNESCO pour l’Année internationale de l’éducation. À compter de 1971, elle est responsable de la programmation à la Direction des cours par correspondance au Ministère de l’Éducation du Québec. De 1972 à 1975, elle enseigne à la Faculté d’éducation de l’Université de Montréal. De 1972 à 1987, elle est directrice du Service « Études et Prospectives » au Service général des moyens d’enseignement du Ministère de l’Éducation du Québec. De 1979 à 1990, elle est la 6e présidente de la commission de Montréal de sa communauté religieuse.
En 1980, elle obtient un diplôme de 2e cycle en administration de l’École des hautes études commerciales de Montréal (auj. HEC Montréal). La même année, elle est la déléguée du Canada au Conseil international de la langue française à Grenoble, en France. De 1980 à 1984, elle est présidente de l’Association canadienne d’éducation de langue française (ACELF). De 1984 à 1994, elle est présidente de l’Association des religieuses enseignantes du Québec (AREQ). En 1985, à titre de responsable du dossier à la Direction de l`éducation permanente au Ministère de l`éducation, elle publie La formation et le perfectionnement des formateurs d`adultes : rapport du groupe de travail 1984-85. Dès 1987, elle occupe divers postes aux Éditions Fides; elle y est adjointe à l’édition religieuse et littéraire. Elle est aussi directrice littéraire des Éditions Bellarmin et au service des manuscrits.
En 2001, elle traduit le livre de la sœur bénédictine et écrivaine américaine Joan Chittister intitulé Vivre dans la lumière : sagesse monastique pour les chercheurs de lumière (Montréal, Éd. Fides, coll. « Bellarmin »). En 2002, elle s’occupe, aux Éditions Fides, de la traduction et de la révision des manuscrits. Le 3 avril 2003, à 18 h 30, au Palais des Congrès, l’Université du Québec à Montréal (UQAM) rend hommage à trois des quatre signataires encore vivants du Rapport Parent, Mmes Ghislaine Roquet et Jeanne Lapointe, ainsi qu’à M. Guy Rocher. Le quatrième signataire toujours en vie à ce moment est M. Gérard Filion (1909-2005). Cette soirée, organisée dans le cadre de l’événement 40 ans après le Rapport Parent : réalisations et prospectives se déroule sous la présidence de Roch Denis, recteur de l’UQAM. Depuis, elle était conseillère auprès du conseil de pastorale de l’Unité Saint-Laurent, qui regroupe quatre paroisses de Saint-Laurent. En septembre 2008, elle participe à une émission télévisée « Tout le monde en parlait » à Radio-Canada portant sur « La réforme de l`éducation ». À cette occasion, parmi les autres invités, on retrouve : Paul Gérin-Lajoie, ministre libéral de 1960 à 1966; Guy Rocher, sociologue, commissaire de la Commission Parent; Denis Vaugeois, historien et éditeur, fonctionnaire du Ministère de l’Éducation sous Paul Gérin-Lajoie et Émile Robichaud, pédagoque, ancien directeur de l’école secondaire Louis-Riel, co-auteur du livre Adolescents en détresse (Montréal, Éd. du Jour, 1968) En 2014, elle entre à l’infirmerie de sa communauté pour raison de santé.
Le 3 juin 2016, elle fut exposée en la chapelle du Pavillon Saint-Joseph, à Montréal, de 18h00 à 21h00. Une rencontre de prières a eu lieu ce même jour à 19h30. Ses funérailles, confiées à l`entreprise funéraire Magnus Poirier, furent célébrées le 4 juin 2016 à 14h00 en la chapelle du Pavillon Saint-Joseph.
Pierre Lemay a enseigné la philosophie au Cégep de Trois-Rivières de 1977 à 2014, année de sa retraite. Il a été adjoint au coordonnateur du Département de Philosophie du Cégep de Trois-Rivières en 1980-81. Il est membre-fondateur de la Société de Philosophie du Québec (SPQ) en 1974. Il fut également archiviste-adjoint de la SPQ en 1981 et 1982 et membre du Comité de rédaction du Bulletin de la SPQ de 1981 à 1984. Il est aussi membre-fondateur de la Société de Philosophie des régions au coeur du Québec en 2017. De plus, il est membre de l`Institut d`histoire de l`Amérique française depuis 1993 et membre de la Corporation du Salon du livre de Trois-Rivières depuis 2015. Il collabore à PhiloTR depuis sa création en 2004.