Étudiant au Cégep de Trois-Rivières, récipiendaire du Prix 2017 au Concours d'écriture sur les Femmes Philosophes (Prix 2017).

[NDLR : nous publions ici le texte de Gabriel Fréchette, étudiant lauréat du 3e prix de 100$ à l’édition 2017 du Concours d’écriture sur la présentation de femmes philosophes.]


Par Gabriel Fréchette

(Lauréat du 3e prix

au Concours d’écriture sur la présentation de femmes philosophes – 2017)

 

« Car voilà bien la bonne manière d’accéder au domaine de

l’amour ou d’y être conduit par autrui : partir de belles choses

sensibles en ayant en vue cette beauté intelligible, monter

continûment en se servant pour ainsi dire d’échelons, passant

d’un seul beau corps à deux, puis à tous, passant des belles

conduites aux belles sciences, qui n’est autre que celle du beau

intelligible, pour connaitre enfin le beau tel qu’il est en soi. »

– Diotime

 

C’est d’abord par la simple sensation de voir et de sentir que nous prenons plaisir à découvrir, pas toujours par utilité, mais quelques fois dans le seul but de vouloir connaitre et apprécier. C’est donc à même le monde sensible que nous désirons découvrir et apprendre ce que nous transmettent nos sens. Ces plaisirs pris à contempler les beaux paysages, sentir la fleur, admirer l’œuvre d’un artiste semblent être les premiers pas vers la progression présentée par Diotime.

 

Cette contemplation cache un désir profond. Même si la contemplation peut sembler désintéressée d’un désir de connaître, il n’en est rien. Il y a dans cette quête extérieure un sentiment de vouloir et de pouvoir se définir. En effet, en tentant de comprendre ce qui nous entoure nous sommes à même de découvrir qui nous sommes. Savoir ce que nous pouvons avoir de commun avec tout ce qui existe dans l’univers et saisir notre singularité. Le sentiment que l’on retire de cette expérience est la beauté et la nécessité de toute chose.  Cette beauté est en effet une expérience qui nous fait aimer quelque chose par le seul fait qu’elle existe. Il n’y a rien d’un chef-d’œuvre qu’il nous semblerait légitime de changer, car le tout forme un ensemble nécessaire qui ne pourrait être autrement. Il en est de même pour toutes les composantes de la nature. L’ouragan est d’une même nécessité que les villes qu’elle engloutit. C’est ainsi que le beau reflète non seulement ce que nous envoient nos sens, mais également la compréhension de la nécessité de toute chose. C’est cet amour de la connaissance, qui vient surpasser le plaisir de la clarté du visible et le transformer en une source de bonheur inépuisable. Schopenhauer disait que la vie était un pendule qui oscillait entre la souffrance et l’ennui. La souffrance de ne pas posséder et l’ennui de se lasser de ses possessions. Il est intéressant de noter le lien entre la possession telle que présentée par Schopenhauer et l’amour. En effet, l’amour (Éros) dans la mythologie grecque est né de Poros (plein) et Pénia (vide). L’amour serait ainsi comme la citation de Schopenhauer, en oscillation entre l’envie de posséder (vide) et l’ennui de posséder (plein). Comment alors est-il possible de s’élever dans l’amour ? C’est dans un amour ou il n’y a pas de possession qu’il devient possible de s’élever. L’amour de la sagesse, l’amour de la connaissance. Un amour qui englobe tout, l’amour de la nature. C’est en elle que nous y trouverons les récompenses de nos bonnes actions et que nous trouverons le beau tel qu’il est en nous et tel qu’il est dans l’ensemble de la nature dans toute sa nécessité.

 

C’est ainsi que j’interprète la citation de Diotime. Partir du plaisir qu’ont nos sens à découvrir le monde pour nous élever jusqu’à la conscience du beau tel qu’il est en soi, dans la compréhension de la nécessité.

 

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