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Patrice Létourneau est enseignant en philosophie au Cégep de Trois-Rivières depuis 2005. Outre son enseignement, il a aussi été en charge de la coordination du Département de Philosophie pendant 8 ans, de juin 2009 à juin 2017. Il est par ailleurs l'auteur d'un essai sur la création, le sens et l'interprétation (Éditions Nota bene, 2005) ainsi que d'autres publications avec des éditeurs reconnus. Il collabore à PhiloTR depuis 2005.

Pour la culture ambiante, la fête de Pâques est souvent réduite à n’être presque rien d’autre qu’un amusement avec les lapins et les cocos en chocolat.

 

Pour la contreculture, c’est devenu une occasion pour dénoncer l’un des hameçons du capitalisme qui y déploie une orgie de sucre en attendant le prochain party qui sera annoncé dès le lendemain dans les vitrines des magasins.

 

Pour le chrétien, Pâques est un rappel du jour de la résurrection du Christ lors de la dernière Pâque (sans « s ») sous l’Ancienne Alliance, qui instaure grâce à la substitution sacrificielle du Christ une « passover » (Pessa’h) établissant une Nouvelle Alliance, abolissant du même coup la séparation entre le laïc et le clergé puisque tous les disciples du Christ participent à son œuvre.

 

Pour le cynique, peut-être trouvera-t-il de son côté qu’à son goût, au travers de tout ça le monde met bien du temps à se désenchanter.

 

Est-ce que la philosophie peut en dire quelque chose ?

Probablement.

 

Dans son étymologie grecque, la philosophie désigne tout à la fois l’amour de la Vérité et l’amour de la Sagesse.  Ainsi comprise, la philosophie ne prétend pas détenir la Vérité ni la Sagesse, mais aime la Vérité et la recherche.  Étymologiquement, du moins.  À cet égard, on connaît l’opposition de Socrate face aux sophistes qui, de leur côté, voulaient évacuer cet amour de la Vérité en arguant que « l’humain est la mesure de toutes choses » et qu’en ce monde c’est lui qui définit le bien et le mal.  Bref, à l’encontre de Socrate, les sophistes étaient idéologiquement les défenseurs de cette contradiction logique qui consiste à affirmer qu’il est vrai qu’il n’y a pas de vérité (ou qu’il est universellement vrai qu’il n’y a pas de vérité universelle).  Cela dit, si la philosophie montre bien le besoin et la nécessité de la Vérité, et qu’en principe elle apprend à l’aimer et à la rechercher, en même temps la philosophie nous montre qu’il n’est pas possible de prétendre soi-même définir humainement la Vérité – tout au plus obtient-on des consensus et des opinions dominantes (ou, dit avec la teinte d’un autre langage, ce qui résulte de l’humain qui a mangé du fruit pour décider lui-même de ce qui est bien ou mal).

 

Dit autrement, la philosophie ne se clôt pas sur une école de narcissisme, puisque si elle montre à aimer la Vérité, elle montre aussi qu’elle ne peut pas elle-même être la Vérité.

 

Qu’en conclure, si on aime la Vérité en même temps que cet amour nous fait reconnaître qu’il est impossible de la définir dans le cadre des ornières humaines ?  Est-ce une impasse insoluble, un amour mort-né ?  Sommes-nous alors condamnés à nous gaver que du rire de l’absurdité ?

 

Pour le chrétien qui aime la Vérité, la réponse (à cet apparent paradoxe) devient évidente.  Un livre, lui-même composé de plusieurs livres, est déjà librement accessible à son examen pour nourrir cette quête de la Vérité.  Il s’agit de la Bible, celle dans laquelle il est question de ce Père dont Jésus Christ est le chemin et la voie (Jn 14.6-7).

 

Que tous ne fassent pas sien un tel engagement, c’est un constat évident.  Mais si la prudence demeure une vertu de mise pour éviter de s’égarer, il serait précipité de simplement éviter la question.

 

Dans la mémoire collective contemporaine, le terme même de Pâques (avec son origine dans la dernière Pâque) comporte une ambiguïté.  Mais puisqu’ambiguïté il y a dans la mémoire, peut-être est-ce finalement une belle occasion pour essayer de se remémorer de quoi il est question, et y réfléchir.  Ce qui n’empêche certainement pas de le faire dans la joie, autour d’un bon repas ou pas.

 


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