C`est du 6 au 24 novembre 2007 qu`aura lieu la représentation de « La dernière nuit de Socrate » à la Salle Fred-Barry, à Montréal. Bulgare établi dans la métropole montréalaise depuis 1990, Peter Batakliev croit que le théâtre a un rôle à jouer dans la Cité. Ce dernier met en scène ladite pièce, parabole sur la démocratie, de son compatriote Stefan Tsanev, l`un des poètes, auteurs et dramaturges actuellement les plus importants en Bulgarie. Notons que « La dernière nuit de Socrate » a été jouée dans plus de trente théâtres en Bulgarie, et mise en scène dans une quinzaine de pays européens. La pièce est présentée par le Théâtre Décalage, incorporé en 2002. Elle met en vedette Jean-Pierre Scantamburlo dans le rôle de Socrate, Nicole-Sylvie Lagarde dans celui de Xanthippe et Peter Batakliev dans le rôle de Phytias, gardien de la prison. Ce dernier mentionne que ce texte a été écrit dans les années 80 en Bulgarie communiste. Pour lui, « C`était révolutionnaire pour le temps. Mais il est très actuel pour nous, en Amérique du Nord. La réflexion qu`il amène est nécessaire. Peut-être que ce serait bien de se poser quelques questions, notamment sur comment on exerce la démocratie. » (La Presse, 3/11/07, Arts & spectacles, p. 7). Condamné à mort pour impiété et corruption de la jeunesse, en 399 av. J.-C., Socrate entreprend, dans la pièce, une discussion philosophico-politique avec le gardien chargé de lui faire avaler la ciguë.
Données historiques, par Pierre Lemay
399 av. J.-C. : Procès et condamnation à mort de Socrate
En 399, alors que la démocratie est rétablie à Athènes, Mélétos (poète), Anytos (tanneur) et Lycon (orateur) déclenchent contre Socrate un procès devant le tribunal des Héliastes. On le confond avec les Sophistes. Le parti démocratique l`accuse d`impiété, lui reprochant de « corrompre la jeunesse et d`introduire de nouveaux dieux ». En effet, une violente réaction religieuse se produit dans l`opinion publique : on englobe dans la même haine, les aristocrates, les philosophes et les ennemis des dieux. Socrate, déjà confondu par la comédie avec les représentants de l`athéisme et du scepticisme, est victime de cette confusion, qu`il n`essaie d`ailleurs pas de dissiper. Jugeant sans doute qu`il ne peut continuer son apostolat dans un milieu devenu hostile, et pensant peut-être qu`il a assez vécu, il dédaigne de se défendre sérieusement. Il est condamné par 281 suffrages contre 220, et sa mort est finalement décidée par 368 voix. Il ne se révolte pas contre cette décision, restant fidèle à ses principes : il vaut mieux subir l`injustice que de la commettre. Un soir du mois de février ou mars, il boit la ciguë, après le retour du vaisseau sacré (trière) envoyé à Délos pour commémorer la victoire de Thésée sur le Minotaure. Il boit donc ledit poison, au milieu de ses disciples, avec une sérénité qui fait de sa mort même le dernier acte de son apostolat, le plus persuasif et le plus beau. Des amis lui procurent l`occasion de s`enfuir, mais il refuse, par respect pour les lois de son pays. Il meurt calmement.
Info. : http://www.denise-pelletier.qc.ca
Pierre Lemay a enseigné la philosophie au Cégep de Trois-Rivières de 1977 à 2014, année de sa retraite. Il a été adjoint au coordonnateur du Département de Philosophie du Cégep de Trois-Rivières en 1980-81. Il est membre-fondateur de la Société de Philosophie du Québec (SPQ) en 1974. Il fut également archiviste-adjoint de la SPQ en 1981 et 1982 et membre du Comité de rédaction du Bulletin de la SPQ de 1981 à 1984. Il est aussi membre-fondateur de la Société de Philosophie des régions au coeur du Québec en 2017. De plus, il est membre de l`Institut d`histoire de l`Amérique française depuis 1993 et membre de la Corporation du Salon du livre de Trois-Rivières depuis 2015. Il collabore à PhiloTR depuis sa création en 2004.