Archives pour juin 2013

Hannah Arendt au Québec (cinéma)
25/06/13
Présentement à l`affiche, au Québec, dans plusieurs salles de cinéma, les cinéphiles et les intéressés peuvent visionner le drame biographique franco-allemand de la cinéaste allemande Margarethe von Trotta intitulé « Hannah Arendt ». D`une durée de 113 min, la distribution est la suivante : Barbara Sukova (Hannah Arendt), Axel Milberg (Heinrich Blücher), Janet McTeer (Mary McCarthy), Klaus Pohl (Martin Heidegger) et d`autres.
Le film est présentement à l`affiche dans les endroits suivants : Trois-Rivières (Cinéma Le Tapis rouge), Sherbrooke (La Maison du cinéma), Québec (Cinéma Cartier), Montréal (Cinéma Excentris, Cinéma du parc) ainsi qu`au Forum 22 du Complex Odéon Cinémas.
Tout d`abord actrice de théâtre, Margarethe von Trotta débute à l`écran en 1968 et collabore à des scénarios à partir de 1970. On la voit notamment dans trois des premiers films du réalisateur allemand Rainer Werner Fassbinder (1945-1982), en 1969-70, et dans des films de Klaus Lemke, Gustav Ehmck, Herbert Achternbusch, Reihard Hauff et Volker Schlöndorff. Épouse de ce dernier, elle est l`actrice principale de deux de ses films, Feu de paille (1972) et Le coup de grâce (1976) dont elle est coscénariste. Auteur d`une adaptation théâtrale du livre du romancier allemand Heinrich Böll (1917-1985), elle est coscénariste et coréalisatrice avec Schlöndorff de l`Honneur perdu de Katharina Blum (1975). En 1985, elle tourne Rosa Luxembourg (Die Geduld der Rosa Luxemburg), biographie de la socialiste révolutionnaire allemande d`origine juive polonaise. Le film sort en salle en 1986.
Synopsis
1961. La philosophe juive allemande Hannah Arendt est envoyée à Jérusalem par le New Yorker pour couvrir le procès d’Adolf Eichmann, responsable de la déportation de millions de Juifs. Les articles qu’elle publie et sa théorie de « La banalité du mal » déclenchent une controverse sans précédent. Son obstination et l’exigence de sa pensée se heurtent à l’incompréhension de ses proches et provoquent son isolement.
Biographie
Hannah Arendt naît le 14 octobre 1906 à Linden, près de Hanovre, dans une famille juive allemande laïque et progressiste. Elle est la fille de Paul Arendt et de Martha Cohn-Arendt. Elle appartient à la branche réformée du judaïsme allemand de Königsberg. En octobre 1913, son père meurt. En 1920, sa mère épouse en secondes noces Martin Beerwald. En 1921, elle organise un cercle d`étude avec ses amis. Elle découvre alors le théologien et philosophe danois Sören Kierkegaard (1813-1855); elle lit aussi les ouvrages du philosophe allemand Emmanuel Kant (1724-1804). En 1924, elle passe l`Abitur (l`équivalent du baccalauréat en Allemagne) avec un an d`avance et en candidate libre car elle fut renvoyée de l`école pour indiscipline. De 1924 à 1928, elle étudie la philosophie et la théologie à l`Université de Marburg, auprès du théologien protestant allemand Rudolf Bultmann (1884-1976). C`est à cette même institution qu`elle côtoie, en 1924, un autre étudiant juif, Hans Jonas (1903-1993), philosophe allemand connu pour son œuvre principale Le Principe de responsabilité (1979). À Fribourg, elle suit les cours du philosophe allemand Edmund Husserl (1859-1938). Elle est aussi l`élève des philosophes allemands Martin Heidegger (1889-1976) et Karl Jaspers (1883-1969), à Heidelberg. En 1929, sa thèse de doctorat, que dirige Jaspers, est publiée chez Springer, à Berlin, sous le titre Le Concept d`amour chez saint Augustin. La même année, elle épouse Günther Stern et s`installe avec lui à Francfort où elle suit les séminaires du sociologue allemand Karl Mannheim (1893-1947) et de l`écrivain et théologien protestant allemand Paul Tillich (1886-1965). De retour à Paris, son mari Günther Stern se lance dans le journalisme sous le nom de G. Anders.

Philo & Cie no 5 (mai-août 2013)
18/06/13
Le 5e numéro de Philo & Cie, qui est paru le 18 juin 2013, est consacré à la question de l’excès, considéré comme une passion liée à la modernité.
Voici un extrait de l’éditorial de Giovanni Calabrese en ouverture de ce numéro :
«Pas un jour ne se passe sans qu’on entende parler de quelque excès. De boisson, de nourriture, de drogues, de force, de vitesse, de pouvoir, de richesse, de déchets. On ne dira pas excès de pauvreté parce qu’il y a dans l’idée d’excès quelque chose de volontaire et de conquérant. Pour la même raison, on pourrait penser qu’on a tort de parler d’excès de bêtise, en ce que celle-ci ne serait ni l’un ni l’autre. Mais on se tromperait : la bêtise comporte un mouvement d’accord, de consentement, et même une forte dose d’ambition : dans Le dîner de cons, par exemple, on voit très bien que la bêtise du personnage réside dans le fait même de vouloir prendre les devants avec un enthousiasme enflammé qu’il espère contagieux. Naturellement, cela ne réussit pas, ce qui ne décourage pas notre héros. Notre époque non plus, qui, malgré les ratés, se précipite à corps perdu vers le futur et qui, dans ce sens, connaît les excès peut-être mieux que n’importe quelle autre. Dans les termes de Jean-Jacques Pelletier, nous sommes dans une époque « de l’extrême » aux innombrables « pratiques ordinaires de l’excès ». À son avis, on peut même la dater d’une cinquantaine d’années, ce qui lui donne l’âge de la postmodernité, ou de l’hypermodernité, de la société technoscientifique, celle de l’individualisme effréné et paradoxalement des masses consensuelles, de la fin des grands récits, de la perte des repères, autrement dit de la mesure.
Mais tout cela a une préhistoire et une histoire sans doute plus longues et plus complexes, que plusieurs des contributeurs à ce numéro évoquent dans leur texte : mouvement civilisationnel de la rationalisation, logique de la science, affranchissement de l’individu et de ses sentiments… C’est le monde moderne dans son ensemble qui est en quelque sorte placé sous le signe de l’excès, en ce qu’il est tout entier orienté vers l’avenir — progrès ou perfectibilité — pour la réalisation duquel nous devons à chaque pas dépasser les limites. Ce faisant, la notion perd la fonction normative qu’elle avait dans l’Antiquité.»
(Lire la suite de cet éditorial)
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Robocop est-il humain ?
11/06/13
[NDLR : l’article qui suit a d’abord été publié dans la revue « Philosopher. La revue de l’enseignement de la philosophie au Québec », Numéro 26, Printemps 2013 (pages 26 à 29).  Nous le reproduisons ici avec les autorisations nécessaires.]
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RoboCop est-il humain?
Par Guy Béliveau, Jan Michel et Martin Hould
Professeurs au Cégep de Trois-Rivières
C’est dans le cadre de la 2e édition de la « Semaine de la philosophie » au Cégep de Trois-Rivières que nous avons eu le grand plaisir d’accueillir les étudiants, les étudiantes et le grand public à une soirée « Ciné-philo ». Cela se passait au Théâtre et nous avions par conséquent un écran géant, un technicien du son et des microphones à notre disposition. Quel film avons-nous pris l’initiative de présenter? RoboCop! et ce n’est pas une blague…
Rappelons que ce long-métrage a été réalisé par Paul Verhoeven en 1987. Il a donné naissance à deux suites et à une série télé. Un  remake est d’ailleurs prévu pour 2014. Il faut avouer que nous avons rendu plusieurs de nos collègues perplexes avec ce choix et, même chez les jeunes adultes, plusieurs se demandaient en quoi un film pareil pouvait être lié à la philosophie. Comme on le dit souvent dans nos classes, la philosophie est « partout autour de nous ». C’est avec cette idée en tête que nous avons choisi une Å“uvre du cinéma populaire, afin de montrer que la réflexion philosophique n’était pas exclusive au cinéma d’auteur et aux Å“uvres dites « sérieuses ».
Bien sûr, RoboCop est avant tout un film d’action. C’est aussi une Å“uvre de science-fiction. Pour certains, il est difficile d’imaginer qu’une réflexion philosophique puisse tirer son origine d’un film où le protagoniste est un robot justicier. Pourtant, dans son genre, le film de Verhoeven est remarquable. Bien que beaucoup connaissent ce policier de métal, peu savent que le film a été présenté dans plusieurs festivals sur la scène internationale et qu’il a récolté plusieurs prix dans différentes catégories : meilleur réalisateur, meilleur film de science-fiction, meilleurs effets spéciaux et choix du public. À cela s’ajoute un Oscar pour les meilleurs effets sonores et une nomination à ces mêmes Oscars pour le meilleur montage. Au-delà des prix remportés, si plus de 25 ans après sa sortie RoboCop figure toujours dans la plupart des palmarès des meilleurs films de science-fiction, alors c’est parce que derrière les pétarades se trouve une Å“uvre qui frappe l’imaginaire et donne matière à une réflexion.

Honneur aux diplômés du programme Histoire et civilisation
10/06/13
Le 20 mai dernier, le directeur général du cégep, monsieur Raymond-Robert Tremblay, a assisté à plusieurs présentations de travaux de synthèse des finissants du programme d’études Histoire et civilisation. Abordant des sujets aussi divers que les évènements de mai 68, en France, le discours de Jacques Parizeau à l’issue du référendum de 1995, le Duplessisme, l’anarchisme en Espagne, etc. Les étudiants ont fait preuve de dynamisme dans leur présentation et de rigueur intellectuelle dans leur texte. Afin de les féliciter de leur excellente prestation, le directeur général leur a remis des plumes commémoratives à l’effigie du cégep.
Dans son discours, il a souligné la qualité de ce programme, et la curiosité et l’intelligence dont les étudiants savent faire preuve. Il a insisté sur l’importance de la réflexion dans l’action et le plaisir de la recherche intellectuelle. Ironisant sur « l’inutilité » des disciplines humanistes classiques comme l’histoire, la philosophie et l’anthropologie, il en a profité pour féliciter les enseignants pour la qualité de la recherche et l’inventivité des travaux qu’ils ont encadrés. Enfin, il a encouragé les jeunes diplômés à poursuivre leur quête et à valoriser la vie intellectuelle propre aux disciplines érudites qui les intéressent.
Stéphanie Beaupied (professeure d’histoire), Alexis Gravel, Raphaël Desjardins-Perron, Aurélie Cinq-Mars, Raymond-Robert Tremblay, Directeur général, Marilyne Lethiecq, Eveline Le Rouzes-Ménard, Alexandra Métail, Patrice Létourneau (professeur et coordonnateur du Département de philosophie) et Claudia Verreault.

Honneur aux diplômés du programme Histoire et civilisation
10/06/13
[NDLR : article originaire de La Dépêche]
Le 20 mai dernier, le directeur général du cégep, monsieur Raymond-Robert Tremblay, a assisté à plusieurs présentations de travaux de synthèse des finissants du programme d’études Histoire et civilisation. Abordant des sujets aussi divers que les évènements de mai 68, en France, le discours de Jacques Parizeau à l’issue du référendum de 1995, le Duplessisme, etc. Les étudiants ont fait preuve de dynamisme dans leur présentation et de rigueur intellectuelle dans leur texte. Afin de les féliciter de leur excellente prestation, le directeur général leur a remis des plumes commémoratives à l’effigie du cégep.
Dans son discours, il a souligné la qualité de ce programme, et la curiosité et l’intelligence dont les étudiants savent faire preuve. Il a insisté sur l’importance de la réflexion dans l’action et le plaisir de la recherche intellectuelle. Ironisant sur « l’inutilité » des disciplines humanistes classiques comme l’histoire, la philosophie et l’anthropologie, il en a profité pour féliciter les enseignants pour la qualité de la recherche et l’inventivité des travaux qu’ils ont encadrés. Enfin, il a encouragé les jeunes diplômés à poursuivre leur quête et à valoriser la vie intellectuelle propre aux disciplines érudites qui les intéressent.
De gauche à droite : Stéphanie Beaupied (professeure d’histoire), Alexis Gravel, Raphaël Desjardins-Perron, Aurélie Cinq-Mars, Raymond-Robert Tremblay (Directeur général), Marilyne Lethiecq, Eveline Le Rouzes-Ménard, Alexandra Métail, Patrice Létourneau (professeur de philosophie) et Claudia Verreault.