Étudiante au Cégep de Trois-Rivières, récipiendaire du Prix 2020 au Concours d'écriture sur les Femmes Philosophes (Prix 2020).

NDLR : Nous publions ci-dessous le texte de Elizabeth Côté, récipiendaire du 1er Prix au concours d’écriture Femmes Philosophes 2020 qui s’est déroulé dans le cadre de la 8e Semaine de la philosophie. Nous remercions René Villemure, Éthicien, pour son soutien à ce concours. Toutes nos félicitations à Elizabeth Côté !


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Elizabeth Côté

Étudiante au Cégep de Trois-Rivières

Récipiendaire au Concours Femmes Philosophes 2020

La peau et la chair nous exposent autant au regard de l’autre qu’au contact et à la violence

« La peau et la chair nous exposent autant au regard de l’autre qu’au contact et à la violence »

 – Judith Butler

25 décembre 2019 : « Une femme assassinée par son conjoint le jour de Noël »

23 janvier 2020 : « Une jeune femme assassinée par un client dans un hôtel de Ste-Foy »

3 février 2020 : « Une Québécoise assassinée à Cuba; son conjoint arrêté »

Consternant, non? Pourtant, à cet instant précis, la violence faite aux femmes n’a jamais été autant dénoncée, criée haut et fort sur tous les toits. 

Si, dans le cadre du cours l’être humain, on aborde la question de l’homme en ne faisant pas de distinction entre les sexes masculin et féminin, je vous partage, à l’heure actuelle, une réflexion qui me vient souvent à l’esprit alors que je vois de telles bassesses dans les journaux. 

À vrai dire, qu’est-ce qu’une Femme? Ou plutôt, comment se fait-il qu’elles soient l’objet d’une si grande haine?

De mon point de vue, l’expérience cruciale de ce questionnement concerne la relation reposant sur la normalisation genrée qui s’est inscrite au fil du temps entre les corps masculin et féminin. Ainsi, depuis toujours, le physique de la femme est symbole de fécondité. Cependant, les mœurs ayant évolué, c’est à son caractère érotique qu’est réduite la plus simple expression de cette enveloppe corporelle. Suscitant le désir sexuel et éveillant inexorablement les pulsions de la gent masculine, chaque parcelle de chair constituant le corps d’une femme attire les regards et, aux yeux de la société patriarcale actuelle, le provoque. 

À ce titre, n’était-ce pas Freud qui disait, dans son ouvrage intitulé Cinq leçons sur la psychanalyse, que les actions individuelles de l’être humain sont prescrites par un inconscient regorgeant de pulsions refoulées? Dans le cas présent, peut-on appliquer cette théorie au modèle contemporain de violences faites aux femmes? Assurément! 

Certes, selon l’état actuel des choses, tout porte à croire qu’un corps féminin aguiche, dérange… de par sa symbolique. Le tabou est tel que dans certaines sociétés, on impose aux femmes le fardeau de se couvrir, et ce, de la tête aux pieds.

« Au nom de Dieu! », dit-on. 

« Dans le but de protéger ces pauvres hommes en proie à leurs pulsions viscérales! », entendons-nous un peu partout.

En d’autres mots, la puissance de l’instinct sexuel masculin rendrait impossible, chez ceux-ci, la capacité de raisonnement. De la sorte, une femme vêtue d’une jupe laissant voir ses jambes dénudées anime l’homme d’une pulsion de vie. Toutefois, l’intensité d’un fantasme étant si vive, la moindre rétivité peut métamorphoser cette force inconsciente en une agressivité meurtrière. Hélas, la normalisation genrée nous inculque qu’un habillement jugé explicit appelle au viol, que le « non » d’une femme signifie « oui » et qu’en somme, la violence à l’endroit de nous toutes est légitime.

Ainsi, tristement, parce qu’elles affichent un corps féminin, des femmes sont violentées, voire tuées. 

Ce jour-là, parce que des femmes ont été prises pour des objets, elles ont été agressées. 

Ce jour-là, parce qu’elles étaient des femmes, elles ont subi les foudres d’une pulsion masculine estimant qu’elles avaient failli à leur devoir de soumission.

Voilà donc pourquoi, en tant que femme, Judith Butler dira que : « La peau et la chair nous exposent autant au regard de l’autre qu’au contact et à la violence. »

Décidément, quand les Femmes pourront habiter leur corps pleinement, sans avoir à craindre la société, on pourra parler d’un tout cohérent appelé « l’Être humain ».